Roxana Ghiţă & Cătălin Ghiţă
Université de Craiova, Roumanie
catalinghita@yahoo.com
Espace et temps de la littérature traditionnelle et numérique /
Space and Time in Traditional and Digital Literature
Abstract: Once the common definitions of space and time have been radically changed by the current technological advances, it goes without saying that their phenomenological metamorphoses have equally altered the field of literature. Concretely, the aforementioned concepts have reconfigured not only the literary domain itself, but also our way of defining and understanding literature. Therefore, this article is aimed, on the one hand, at exploring the literary significance triggered by our new perception of spatio-temporality, and on the other, at outlining the dynamic frontiers of digital literature.
Keywords: Space; Time; Traditional Literature; Digital Literature.
Il est devenu un lieu commun des recherches sur les nouvelles technologies d’insister sur le changement radical que les notions traditionnelles d’espace et de temps ont subi à l’époque actuelle, dans la société dite d’information.[1] Il va de soi que cette mutation affecte également la littérature elle-même, et par là nous n’entendons pas seulement notre manière de définir et de comprendre le phénomène littéraire mais (et peut-être surtout) notre manière de vivre le fait littéraire, d’y répondre dans et par notre vie-même.[2] Dans cet article nous voulons explorer ce que l’avènement d’une nouvelle perception de l’espace et du temps signifie pour la littérature et nous interroger sur la configuration du phénomène littéraire à support numérique.
1. Théories de l’espace-temps
Même la définition la plus simple et sommaire de la littérature, celle qui envisage ‘l’ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique’ est circonscrite à l’idée d’une spatialisation conceptuelle qui assigne au ‘littéraire’ un ‘lieu’, un ‘champ’ de manifestation spécifique, en vertu duquel il acquiert sa spécificité par rapport à d’autres activités et produits socio-culturels de l’humanité. Depuis son introduction par Maurice Blanchot (1955), la notion d’espace littéraire a fait fortune malgré (ou peut-être grâce à) son imprécis, une ambivalence qui permet de penser en même temps l’espace textuel (celui où le texte existe physiquement, la page imprimée), le lieu métaphysique/imaginaire où l’œuvre émerge en tant que telle, l’espace social et/ou géographique en dehors desquels le lieu de la littérature ne pourrait pas exister, même s’il n’est pas réductible à eux.[3] Pourtant, l’idée de l’espace littéraire contient déjà en elle la représentation d’un certain temps que l’on pourrait aussi nommer, par extension, ‘littéraire’ : à l’opposé de l’espace textuel, qui est donné une fois pour toutes, déterminé immuablement par l’existence physique d’une telle œuvre depuis sa création et son inscription dans l’ensemble littéraire et auquel correspondrait l’éternité du temps humain, l’espace littéraire n’advient, ne s’actualise que dans et par l’acte de réception qui représente un événement temporel précis. D’une manière plus radicale, on pourrait considérer qu’en effet, l’œuvre n’existe pas en dehors de ce temps événementiel pour la compréhension duquel la pensée grecque du kairos nous paraît la plus indiquée : c’est vraiment le moment opportun qui, de tous les possibles, actualise un hic et nunc particulier, qui se refuse à la répétition. Cette union de l’espace de l’œuvre et du temps événementiel de l’actualisation de son potentiel infini est très importante puisque c’est à partir de ce chronotope[4] (ouvert sur la pragmatique, les études culturelles etc.) que l’on peut repenser, selon nous, la spécificité du littéraire, au moment où l’approche (post)structuraliste tout comme la perspective blanchotienne, implacablement fermée sur l’absolu immanent de l’art semblent ne plus fournir des réponses satisfaisantes.
À la suite des profonds bouleversements qui, déclenchés par l’apparition du numérique, ont marqué la vie socio-culturelle des dernières décennies, la question du fait littéraire (y compris de la possibilité/nécessité de circonscrire son essence) devient de plus en plus pressante. Une sorte d’hystérie apocalyptique a tendance à s’imposer dans le champ agité des discours critiques. Elle prévoit la disparition totale de la littérature (« En quoi la littérature peut-elle être mortelle ? », voilà l’interrogation pertinente que propose le dossier Tombeaux pour la littérature de la revue en ligne LHT du site Fabula). Le pôle opposé est cependant présent à son tour: la croyance exubérante et inébranlable en la résurrection de la créativité littéraire et artistique et en son expansion au-delà de toutes frontières connues ou imaginables à l’époque actuelle.
Pour nous, la question qui se pose en tout premier lieu est de savoir si l’on peut encore parler d’un espace et d’un temps littéraire où si les nouvelles conditions de production et de réception ne modifient pas ces notions au point de les rendre inutilisables, et donc superflues, pour la théorie littéraire. Déjà, il y a beaucoup de chercheurs qui affirment la caducité des conceptions philosophiques traditionnelles basées sur l’axiome de l’unité indissoluble du temps et de l’espace, telle qu’elle est présente, comme on l’a déjà vu, dans la notion du chronotope bakhtien.[5] L’avènement de l’Internet pousse à ses conséquences ultimes la dislocation progressive entre l’espace et le temps qui, selon le sociologue britannique Giddens,[6] se préfigure déjà dès l’apparition des médias de masse classiques (journaux, télévision). À mesure que s’opère une reconfiguration du lieu pour faire place aux spatialisations négatives, ou vides, par le fait que la coprésence des sujets devient possible dans l’absence du même espace physique partagé, notre perception du temps change elle-aussi puisque la rencontre de l’autre a lieu maintenant dans un temps commun, uniforme, standardisé (Giddens parle à cet égard d’‘abstractification’ du temps).
Manuel Castells que nous avons déjà cité et qui, avec son ouvrage de référence en trois volumes, L’ère de l’information, fournit un outil de travail indispensable pour comprendre les mécanismes gérant l’ensemble social contemporain, met en évidence un déplacement similaire des formes traditionnelles de l’espace et du temps :
Mais avec le paradigme informationnel, l’espace des flux l’a emporté sur l’espace des lieux, l’intemporalité a annihilé le temps : une nouvelle culture a donc surgi, celle de la virtualité réelle.[7]
Le changement des modes de vie implique ainsi le fait que :
d’une part, les fonctions et valeurs dominantes de la société opèrent dans la simultanéité et dans la non-contiguïté spatiale, à travers des flots d’informations qui échappent à toute expérience concrète localisée. D’autre part, ces valeurs et ces intérêts dominants sont élaborés sans référence au passé ni à l’avenir, dans l’intemporalité des réseaux d’ordinateurs ou de médias électroniques où toutes les expressions sont soit instantanées soit sans séquence prévisible. (id., 568)
2. Reconfigurations de l’espace-temps littéraire
Réfléchissant à ces caractéristiques des nouveaux modes de perception et de comportement, le problème qui s’impose est : comment penser les articulations – et même les conditions de possibilité ! – de l’espace et du temps littéraire ? La solution n’est pas facile, vu la polyvalence des termes en question et la réponse que nous allons donner va peut-être surprendre : au moins pour ce qui est du côté de la réception, le phénomène littéraire nous semble avoir été depuis toujours défini (on comprend par là : depuis l’avènement de la typographie) par une modalité ontologique spatio-temporelle étrangement similaire au fonctionnement des nouvelles catégories de l’espace et du temps propre à l’ère numérique. En effet, si l’on pense à l’ensemble des œuvres littéraires produites par l’humanité, tant au niveau abstrait qu’au niveau concret de leur existence physique, sous la forme d’objets dépositaires d’un contenu textuel, on se rend compte que sa structure se déploie dans la simultanéité, ou l’intemporalité (‘temps sans temps’, timeless time’, un autre concept introduit par Castells): les œuvres (représentées métonymiquement par leurs auteurs) se partagent le même espace ‘abstrait’ dans une synchronicité parfaite, les différences de l’espace et du temps concrets de leur production (contingences géographiques, historiques etc.) étant effacées.
Si le parallèle se laisse facilement comprendre, pour ce qui est du temps uniformisé que suppose la synchronicité éternelle, l’aspect spatial soulève des questions. Puisque les livres cohabitent dans l’espace littéraire (ou, physiquement, les uns à côté des autres sur les étagères d’une bibliothèque), comment pourrait-on parler à cet égard de non-contiguïté spatiale ? Pourtant, à un regard plus attentif, on se rend compte que l’idée de Castells visant la non-contiguïté spatiale, de même que la notion d’évidement de l’espace dont parle Giddens, sont formulées à partir d’une position qu’on pourrait appeler ‘pragmatique’ puisqu’elle est centrée sur la situation de communication dans laquelle se trouve l’internaute. À un autre niveau, celui qui correspondrait à une ‘poétique’ de l’Internet qui prend en compte l’espace de l’Internet en soi, celui-ci n’est plus évidé mais représente, à côté du ‘timeless time’, les dimensions ontologiques de la nouvelle réalité virtuelle : le cyberspace constitue alors un nouveau type d’espace, construit, dans sa composante virtuelle, à partir de réseaux d’information et de communication en permanent changement et interaction et dans sa composante physique, des logiciels et serveurs des ordinateurs où ces informations sont stockées.[8]
Pour reprendre et systématiser, la littérature représente l’ensemble des œuvres qui coexistent dans l’intemporalité et habitent le même lieu symbolique, constitué, sous l’angle de l’intertextualité, d’innombrables réseaux aux contours mouvants, se reconfigurant sans cesse à partir de nouveaux croisements, renvois et interactions. La similarité avec le mode de fonctionnement du cyberspace et du ‘timeless time’ numérique est saillante. Au moment où l’on choisit de privilégier le moment pragmatique de la réception, le livre est actualisé, devient ‘réel’ dans un acte de lecture qui, à la fois, interrompt la temporalité habituelle du sujet et le projette dans l’intemporalité de l’œuvre et „évide” l’espace que celui-ci occupe, physiquement, l’introduisant dans l’espace imaginaire de l’œuvre. Il n’est pas pour rien que des théoriciens de la fictionalité définissent la littérature en terme de ‘réalité virtuelle’, alors que Castells appelle le monde numérique ‘virtualité réelle’.
La question qui se pose alors est : en quoi donc l’expérience spatio-temporelle du lecteur d’un livre et celle de l’internaute-lecteur diffèrent-t-elles ? Malgré les similitudes constatées, nous pouvons noter (au moins) deux points divergents cruciaux qui justifient pleinement le sentiment de rupture (de portée historique) que l’on éprouve devant les nouvelles technologies. Le premier est lié au phénomène de l’instantanéité, d’immédiateté : sur l’Internet, tout est donné tout de suite, immédiatement accessible. Quand il déclare que la littérature à support numérique devient « autre chose qu’elle-même » (ce qui veut dire, au fond, que son essence et statut ne sont plus conformes aux définitions dont on dispose dans le cas de la littérature traditionnelle, d’où la nécessité d’une remise en question théorique), le critique américain J. Hillis Miller s’appuie sur un argument qui vise exactement l’accessibilité instantanée qui est produite par la coexistence dans ce qu’il appelle un ‘espace non-spatial’ (expression qui rappelle le ‘temps sans temps’ de Castells) :
Literature on the computer screen is subtly changed by the new medium. It becomes something other to itself. Literature is changed by the ease of new forms of searching and manipulation, and by each work’s juxtaposition with the innumerable swarm of other images on the Web. These are all on the same plane of immediacy and distance. They are instantaneously brought close and yet made alien, strange, seemingly far away. All sites on the Web, including literary works, dwell together as inhabitants of that non-spatial space we call cyberspace.[9]
Prenons un exemple concret qui aide à mieux comprendre la portée du changement dont il est ici question. Les outils de recherche en ligne permettent au lecteur-internaute l’accès simultané à plusieurs livres, dans le texte desquels il peut effectuer des recherches, par exemple trouver tous les passages qui contiennent le mot ‘nuit’, et cela même dans l’absence d’une lecture préalable des livres, tout comme avoir ces citations tout de suite à sa disposition à l’aide de la fonction ‘copier-coller’. L’analyse des déplacements qui s’opèrent à l’intérieur des différents chronotopes met en évidence l’étendue des reconfigurations perceptives : alors que dans les deux cas, littérature traditionnelle et littérature numérique, l’espace reste, dans cette situation, à peu près le même lieu abstrait où les œuvres coexistent, l’essence du temps kairos et donc la perception temporelle des sujets sont profondément différentes. Le lecteur traditionnel a besoin d’un énorme volume de temps, d’effort et de concentration pour parcourir les livres, repérer et noter tous les passages où apparaît le mot ‘nuit’ ; plus le nombre des livres s’accroît, plus l’activité devient difficile à réaliser, voire impossible. La densité et la durée des événements temporels, de même que les structures cognitives activées dans les deux cas, diffèrent radicalement et les conséquences sur les modes de vie des sujets en sont immenses.
Le deuxième point divergent vise l’effacement des frontières entre producteur et récepteur du texte, une égalisation qui annule les rôles actif-passif attribués traditionnellement à l’auteur et au lecteur du texte. Certes, déjà au moins depuis que Barthes a fait son apparition, la lecture est, en quelque sorte, une réécriture de l’œuvre. Pourtant, le statut du lecteur n’est jamais ontologiquement identique à l’auteur, qui, légitimé par le système entier des institutions qui circonscrivent le phénomène littéraire (maisons d’éditions, libraires, critiques littéraires etc.), reste le seul producteur réel du livre. Avec la nouvelle culture internautique, qui permet à chaque utilisateur de s’intégrer dans le cyberspace et de le modifier en égale mesure et avec le même droit, chaque lecteur peut se convertir, immédiatement, en un auteur dont les productions occupent une place identique sur l’Internet, se rangent à côté du texte littéraire avec lequel elles peuvent entrer en dialogue, même le reprendre, réécrire, reconstruire publiquement, sous les yeux de tout le monde. Le déclin de l’aura de l’œuvre (et de la mythisation de son auteur), tendance sur laquelle Benjamin réfléchit dans L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, atteint maintenant son apogée. Frédéric Beigbeder, l’un des écrivains français les plus goûtés par le public des dernières années, tire à cet égard, dans sa chronique L’adieu à Gutenberg de L’Express du 10 juillet 2010 un signal d’alarme :
Il me semble que le numérique “égalise” tous les livres alors que le papier sacralise le texte. Lire sur papier suppose qu’on respecte l’auteur comme un être admirable, génial ou talentueux, bref, meilleur que soi; l’écran en fait un semblable, un pote, un mec normal, presque un blogueur… donc n’importe qui ! En supprimant le papier, on banalise l’écrivain. On aplanit la littérature. Si mon impression est la bonne, alors ce n’est pas seulement Gutenberg, c’est Flaubert qu’on assassine.
Il est intéressant de noter la réaction véhémente des commentateurs sur le forum du journal en ligne, qui ne sont pas, pour la plupart, d’accord avec la position de l’écrivain (ce qui n’est pas surprenant, après tout, vu qu’il s’agit d’utilisateurs réguliers d’Internet et qui sont par conséquent, peut-on le supposer, des adeptes convaincus de la communication numérique). Dans une réplique provocatrice, un internaute touche à un nombre d’aspects qui mériterait, chacun, une discussion détaillée, la question du pouvoir en étant peut-être la plus significative :
Vous cherchez à garder pour vous, jalousement, ce ‘pouvoir’ d’écrire et de publier vos idées, et de ne les faire partager que sous conditions. Vous chercher à garder pour vous, jalousement, ce ‘pouvoir’ d’accéder à la culture et à la connaissance, encore trop souvent accessible aujourd’hui uniquement sous conditions. Nous entendons donner au plus grand nombre la possibilité de s’exprimer librement, sans entraves, et cela sans conditions. Nous entendons mettre à disposition les idées quelles qu’elles soient (même les vôtres) à disposition du plus grand nombre, et cela sans conditions. Nous entendons à ce que le savoir et la connaissance se répandent à travers le monde et qu’ils soient accessibles à tous à travers le monde, à nouveau, librement, sans entraves, et sans conditions. We haz INTERNETZ and we are LEGION.[10]
L’enjeu semble être, encore une fois, l’épineux problème du statut du sujet, assuré par son autorité épistémologique qui se voit cependant pulvériser dans le nouveau monde structuré en réseaux en expansion infinie, dont les nouvelles dimensions spatio-temporelles permettent l’interaction simultanée d’un nombre ouvert de participants. La vision de Beigbeder est très simpliste puisqu’il réduit le problème à la question du support : papier ou numérique, alors que ce qui donne au papier le pouvoir de ‘sacraliser’ et au numérique le pouvoir d’‘égaliser’ (il faut bien sûr prendre ces expressions cum grano salis) est au fond le vaste système d’organisation sociale, de dynamique culturelle et de conduites de vie que chacun des deux supports implique. Ce qui permet au sujet d’exercer son autorité épistémologique est le fait qu’elle a été imposée ou reconnue comme telle par un nombre d’institutions chargées de construire et de maintenir la hiérarchie culturelle et qui, « jalousement » comme le déclare l’auteur du commentaire cité, cherchent à garder les structures actuelles de domination, rendues inopérantes dans les chronotopes ouverts de la ‘virtualité réelle’ de l’Internet. Pourtant, Beigbeder saisit un aspect essentiel : même si ce ‘quelque chose’ qui fait qu’un texte soit littéraire ou non, donc sa ‘littérarité’ tient à une dimension abstraite qui vise une certaine utilisation du langage différente de la pratique d’autres formes de langage, l’œuvre en tant que telle ne peut pas être, traditionnellement, séparée de sa dimension matérielle. Son existence est conditionnée par sa présence concrète dans la réalité physique, sous la forme d’un livre. L’accès à l’espace littéraire se fait par l’intermédiaire d’un objet ‘réel’ alors que les nouvelles formes d’espace et temps numériques opèrent une dématérialisation bouleversante qui engendre de nouvelles modalités ontologiques : des objets dématérialisés existant dans un espace sans espace et dans un temps sans temps, pourtant immédiatement et directement accessibles à tout le monde.
Confronté aux nouvelles découvertes technologiques, l’esprit humain se trouve devant des problèmes qui mettent en cause bien des aspects ayant rapport aux dimensions fondamentales de son existence : une sommaire interrogation sur le fait littéraire à l’âge numérique aboutit bien vite, selon la structure rhizomatique que Deleuze considère propre aux réseaux d’Internet, à un questionnement sur la nature de l’espace et du temps, de notre perception et en fin de compte de la nature humaine elle-même, définie traditionnellement, dans la culture européenne, à l’aide de dichotomies (esprit/vs/matière, âme/vs./corps, animé/vs./inanimé, passé/vs./futur etc). L’humanité se trouve à peine au début d’une longue et fascinante chaîne de mutations qui font naître en permanence de nouvelles questions et nécessitent de nouvelles approches théoriques.
Si, personnellement, nous n’avons pas de doute en ce qui concerne la survie de la littérature, activité humaine universelle qui est déjà en train de s’adapter aux nouvelles conditions, il reste encore à voir si la critique littéraire trouvera la force et les moyens d’évoluer et de se réinventer pour ne pas devenir un phénomène superflu, lié à des modes de vie dont les nouvelles générations vont se débarrasser subrepticement.
Bibliographie
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This work was supported by the strategic grant POSDRU/89/1.5/S/61968, Project ID61968 (2009), co-financed by the European Social Fund within the Sectorial Operational Program Human Resources Development 2007-2013.
Notes
[1] Nous renvoyons à l’analyse du sociologue et philosophe Manuel Castells: « Ce nouveau paradigme technologique a émergé dans les années 70 en tant que caractéristique systémique, puis s’est propagé pendant les années 80 aux domaines du pouvoir militaire, des transactions commerciales et de l’industrie de haute technologie; à la fin des années 80, il s’est diffusé dans tous les types de lieux de production et a profondément pénétré les foyers et la culture dans les années 90 avec l’explosion de l’Internet et du multimédia », dans „Les incidences sociales des technologies de l’information et de la communication”, cité dans Ali Kazancigil, David Makinson (éd.), Les sciences sociales dans le monde, Éditions Unesco/Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2001.
[2] J. Hillis Miller résume à cet égard: « We see the world through the literature we read, or, rather, those who still have what Simon During calls “literary subjectivity” do that. We then act in the real world on the basis of that seeing. Such action is a performative rather than a constative or referential effect of language. Literature is a use of words that makes things happen by way of its readers », dans J. Hillis Miller, On Literature, Routledge, London, 2002, p. 20.
[3] V. Xavier Garnier, Pierre Zoberman (éd.), Qu’est-ce qu’un espace littéraire ?, Presses Universitaires de Vincennes, Paris, 2006.
[4] Le chronotope représente « le concept introduit en critique littéraire, dans les années 1920, par Bakhtine, qui emprunte le terme à la physique et aux mathématiques, et l’utilise dans un sens métaphorique. Le chronotope ou ‘temps-espace’ est une catégorie de forme et de contenu basée sur la solidarité du temps et de l’espace dans le monde réel comme dans la fiction romanesque. La notion de chronotope fond les ‘indices spatiaux et temporels en un tout intelligible et concret’», dans Joëlle Gardes-Tamin, Marie-Claude Hubert, Dictionnaire de critique littéraire, Armand Colin, Paris, 1993, p. 35-36.
[5] V. Seppo Tella, ‘Achronos: Reflections on Timeless Time, Media and Communication’, dans Media Education. Publications 9, Seppo Tella (ed.), University of Helsinki, Media Education Centre, Department of Teacher Education, Helsinki, 2000.
[http://www.edu.helsinki.fi/media/mep9/tella_mep9.pdf]
[6] Anthony Giddens, The Consequences of Modernity, Polity Press in association with Basil Blackwell and Stanford University Press, Cambridge, Oxford, Palo Alto, CA, 1990.
[7] Cité dans Joël Roman,Valérie Marange, Chronique des idées contemporaines: itinéraire guidé à travers 300 textes choisis, Bréal, Paris, 2000, p. 567. Pour l’édition originale, v. The Rise of the Network Society: Economy, Society and Culture: The Information Age, vol. 1, Blackwell, Cambridge, MA, Oxford, 2000.
[8] V. également: « At present, cyberspace does not consist of one homogeneous space; it is a myriad of rapidly expanding cyberspaces, each providing a different form of digital interaction and communication. In general, these spaces can be categorised into those existing within the technologies of the Internet, those within virtual reality, and conventional telecommunications such as the phone and the fax, although because there is a rapid convergence of technologies new hybrid spaces are emerging », Dodge and Kitchin (2001), cité dans Jason, Whittaker, The Cyberspace Handbook, Routledge, London, 2004, p. 5.