Evangelia N. Georgitsoyanni
Université Harokopio, Athènes, Grèce
egeorg@hua.gr
Sculpteurs de marbre Grecs en Roumanie (XIXe siècle – première moitié du ΧΧe siècle) :
Le témoignage de leurs tombeaux
Greek sculptors working in marble in Romania (XIXth century – first half of the XXth century):
The witnessing of their tombs
Abstract: During the 19th century many Greek marble sculptors immigrated in Romania, as there were various opportunities for work that had arisen due to the erection of new buildings according to the European styles, the foundation of cemeteries in the cities and the diffusion of neo-classicism in Romania. They were mostly originated from the Cycladic island of Tinos in the Aegean Sea, which was the most famous centre in the art of marble sculpture in Greece. Certains of these sculptors had created their own workshops, which were family enterprises. Moreover, those who lived in Bucharest had also founded a corporation at the end of 19th century. The present article wishes to offer more information about these artists based on the testimonies given by their funerary monuments, which were discovered during our researches in the cemeteries of Romania. The information is accomplished by researches in the municipal archives of Tinos and also by concerning bibliography. More precisely, there are the funerary monuments of certain marble sculptors, members of the families Colios, Lampaditis, Liritis, Laludis, Mihelis and Renieris, who were some of the most active Greek marble sculptors in Romania and owners of workshops. Their tombs give us information about the dates of birth and death of these sculptors, as well as photographic documents of two of them. In general, these monuments are quite simple. The moste elaborated one is the Mihelis Family Monument, decorated by a statue. Among the others, we distinguish one funerary stele (Renieris), a cross (Colios) and plaques bearing the names of the dead persons (Liritis, Laludis, Lampaditis). None of these monuments bears the signature of its creator. We could nevertheless suppose that they were made by members of these families, who knew the art of marble sculpture. Summing up these monuments betray the existence of these artists, members of the Greek diaspora in Romania who have represented artistic knots between the two countries.
Keywords: Sculpture; Romania; Greek Diaspora, Tombs.
Au cours du XIXe siècle beaucoup de Grecs ont émigré vers les pays roumains, attirés par les grandes opportunités financières qui y étaient offertes, notamment après le Traité russo-turc d’Andrinople en 1829, grâce auquel ces pays ont acquis une indépendance civile et économique partielle. La plupart des Grecs de Roumanie s’occupaient de commerce, surtout de celui des céréales et du bois, de la flotte marchande et de l’affermage des grands domaines. Ils ont aussi montré un grand intérêt pour les arts et les sciences et ont créé des communautés florissantes, très bien organisées, qui ont survécu jusqu’ à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Les plus importantes étaient celles de Brăila, Galaţi, Bucarest, Giurgiu, Constanţa, Sulina et Tulcea. Les Grecs de Roumanie avaient, en général, de bonnes relations avec les Roumains et ont contribué à la vie financière et culturelle du pays[1].
Parmi les Grecs de Roumanie on compte aussi des sculpteurs de marbre, dont on sait très peu de choses jusqu’à présent ; à noter que le terme « sculpteur de marbre » désigne l’artisan qui suit une tradition déjà existante, alors que le « sculpteur » est celui qui a fait des études spéciales dans une école[2]. D’après nos recherches, beaucoup de sculpteurs de marbre Grecs ont émigré en Roumanie pendant cette époque, parce que, dans ces nouvelles conditions, s’ouvraient pour eux de grandes possibilités de travail. La reconstruction et la décoration des villes de l’ état roumain, surtout de la capitale, Bucarest, ainsi que le courant néoclassique apparu en Roumanie ont étendu l’emploi du marbre tant à l’architecture qu’à la sculpture. En même temps, l’essor et l’européanisation graduelle de la classe bourgeoise ont contribué à la construction d’immeubles et d’églises, à la création de monuments funéraires, de bustes et d’autres oeuvres, selon les données européennes[3]. Ces circonstances ont attiré en Roumanie beaucoup de sculpteurs étrangers, surtout des Français, des Italiens, des Allemands et des Grecs[4].
La plupart des sculpteurs de marbre Grecs de Roumanie étaient originaires de Tinos, île des Cyclades, en mer Egée, qui était le centre le plus célèbre de la sculpture du marbre en Grèce. Plus particulièrement, dans les villages de Pyrgos et d’Isternia, à la partie nord de l’île, où se trouvent les carrières de marbre, des familles entières s’adonnaient, de père en fils, à l’art de la sculpture de marbre. Depuis le XVIIe siècle, ces sculpteurs avaient commencé à entendre leur activité sur tout le territoire de l’Empire Ottoman et sur la Russie du Sud. Après la formation de l’État grec en 1830, ils créèrent un nouveau centre dans la capitale, Athènes, où ils sont venus beaucoup d’eux, attirés par les possibilités de travail offertes. Là, ils ont appris à travailler dans le style néoclassique introduit alors en Grèce surtout par des sculpteurs allemands qui ont suivi le premier roi de Grèce Othon de Bavière. En même temps, ils ont continué leur activité dans les Balkans, en Asie Mineure, en Égypte et en Russie, tant en effectuant des déplacements saisonniers qu’en créent des ateliers de sculpture[5].
Ainsi, ces sculpteurs de marbre, porteurs d’une longue tradition qu’ils avaient adaptée aux tendances artistiques nouvelles de l’époque, ont travaillé en Roumanie. Certains d’entre eux avaient créé leurs propres ateliers, le plus renommés étant ceux de Jean G. Halepas – Marc et Démétrius N. Lampaditis, d’Apostolos Colios, de Zannis et Georges N. Mihelis, d’ Iacovos Rigos, d’Ioannis G. Lampaditis, de Georges A. Liritis, de Lazare Vidalis, de Nicolas P. Renieris, des frères Cananghinis, de Lazare Él. Liritis, de Georges Valacas, de Nicolas Karagheorghis et des frères Scutaris[6]. Les sculpteurs de marbre originaires de Tinos, qui vivaient alors à Bucarest, avaient aussi formé une corporation, à la fin du XIXe siecle, dont les membres appartennaient aux familles les plus connues de sculpteurs de marbre, celles de Colios, Fortomos, Foscolos, Gaitis, Gasparis, Halepas, Hryssos, Kellemenis, Kollaros, Kouvaras, Kouscouris, Lameras, Lampaditis, Liritis, Mihelis, Piperis, Prophotis, Vassiles, Vidalis, Xynargianos et Xypolitidis[7].
Le présent article a pour but de donner plus de renseignements sur certains de ces sculpteurs de marbre grâce au témoignage de leurs monuments funéraires, repérés lors de nos recherches dans les cimetières de Roumanie. Le témoignage est accompli par nos recherches dans les archives municipales de Tinos et la bibliographie.
Les Tombeaux
En total, on a repéré six tombeaux, cinq au cimetière Bellu de Bucarest et un au cimetière Eternitatea (Eternité) de Galaţi[8]. Plus particulièrement, au cimetière Bellu de Bucarest se trouvent les tombeaux des familles des sculpteurs de marbre Grecs Colios, Lampaditis, Liritis, Laludis et Mihelis[9].
Le tombeau de la famille Colios est composé d’un grand piédestal surmonté d’une croix sur laquelle est gravée l’inscription : FAM. APOSTOL COLIOS. À l’avant du piédestal se trouvent trois photos des défunts en médaillon et sont gravés les noms de: TEODORA COLIOS/1908-1959/ APOSTOL COLIOS/1f907-1978/ELENA COLIOS/1911-1990 (fig. 1)*. À l’arrière figurent les noms de: APOSTOL D. COLIOS BUNIC [grand- père] /1846-1917 / VASILICHI A. COLIOS BUNICA [grand- mère]/ 1853-1883/ IACOB A. COLIOS UNCHIU [oncle]/ 1870-1915/ MARIA KANANCHINIS MATUŞE [tante] / 1895-1946 (fig. 2). Sur une dalle, à côté, sont gravées des inscriptions mentionnant les noms des défunts: NICOLAE/COLIOS/1939-1982/ ARETY COLIOS/-1975, accompagnés de leurs photos (fig. 1). Le tombeau de la famille Colios a dû être exécuté après 1917, année de la mort du premier défunt.
Parmi les noms des défunts on distingue les noms d’Apostol D. Colios (1846-1917) et de Iacob A. Colios (1870-1915). On sait qu’Apostol Colios, fils de Démétrius, sculpteur de marbre, né, selon le Registre de la Municipalité de Pyrgos, à Tinos, en 1939, avait travaillé dans l’atelier de Jean Halepas[10]. Plus tard, il fonda son propre atelier à Bucarest, dans lequel travaillaient ses fils Démétrius (né en 1874, selon le Registre de la Municipalité de Pyrgos)[11], Nicolas (né en 1876, selon le Registre de la Municipalité de Pyrgos)[12] et Iacovos (né en 1870, selon l’inscription du tombeau, ou en 1879, selon le Registre de la Municipalité de Pyrgos)[13]. D’après nos recherches, au cimetière Bellu se trouve un monument qui porte la signature d’Apostolos Colios.
Le tombeau de la famille Liritis est une simple dalle funéraire, dont la partie supérieure est ornée de motifs végétaux et des lettres Α (à gauche) et Ω (à droite), symboles du début et de la fin de la vie, dans des cercles. Sur la dalle sont gravés les noms des défunts: GHEORGHE LIRITIS /1860-1919/ DUMITRU LIRITIS /1856- 1920/ ERINA LALUDIS/ GRIGORE PANAITESCU/1900-13 NOE 1958/ALEXANDRA BECATOR/ 1882-1962 (fig. 3). Le tombeau de la famille Liritis a dû être exécuté après 1919, année de la mort du premier défunt. Parmi eux l’on distingue les noms de Gheorghe [Georges] (1860- 1919) et de Dumitru [Démétrius] Liritis (1856-1920). Les archives nous apprennent que deux sculpteurs de marbres portant le nom de Georges Lyritis, l’un fils d’André (né dans le village de Pyrgos, Tinos, en 1853) et l’autre fils d’Ioannis (né dans le village de Pyrgos, Tinos, en 1863) se sont installés en Roumanie. Notons aussi qu’au cimetière Bellu se trouve un monument portant la signature de G. Liritis. De plus, d’ après un registre des années 1882-83 de l’atelier de Jean G. Halepas y travaillait un certain George Liritis[14]. En ce qui concerne Dumitru (Démétrius) Liritis, il était peut- être frère du G. Liritis susmentionné. D’après nos recherches, un certain Démétrius Liritis a exécuté des monuments funéraires à Tulcea et à Galaţi, mais on n’est peut pas le considérer comme étant la même personne que le précèdent, par manque d’éléments.
Le tombeau de la famille Laludis : À côté du tombeau de Liritis se trouve une dalle portant les noms de : GHEORGHE ANASTASIU/+14 IANUARIE 1918/ IRINA LALUDIS +12 IULIE 1918/IN ETATE DE 18 ANI [âgée de 18 ans] /ECATERINA I. LALUDIS/1878-1917 (fig. 4). La dalle a dû être exécutée après 1917, année de la mort du premier défunt. Tout près, se trouve une autre dalle, plus grande, où sont gravés les noms des défunts : NICOLAE LALUDIS 1846- 1939/ SPIRO ANASTASESCU 1859-1889/ GHEORGHE ANASTASIU 1918/ELENA ANASTASIU 1855-1923/ ECATERINA LALUDIS 1878-1917/ IRINA LALUDIS 1918/ CONSTANTIN DINESCU/ 1902-1920/IOAN LALUDIS 1870- 1943/ MARICA PANAITESCU 1903-1971/EFTIMIA BECATOR 1882-1973 (fig. 5). Sur cette dalle, qui a dû être exécutée après 1889 (année de la mort du premier défunt), figure aussi la photo de Nicolae Laludis en médaillon. Parmi les défunts on distingue les noms de Nicolae (1846- 1939) et de Ioan Laludis (1870-1943). Ioan Laludis doit être la même personne que Ioannis Laludis, fils de Nicolas, mentionné dans les Registres de 1908-11 et de 1921 de la Municipalité de Pyrgos dans l’ île de Tinos, comme “tailleur de pierre’’, né à Pyrgos en 1868 et habitant en Roumanie. Il doit être aussi la même personne que I. Laludis, mentionné en 1896 comme membre de la corporation des sculpteurs de marbre Tiniotes de Bucarest[15]. À noter, de plus, qu’au cimetière Bellu se trouve un monument portant la signature de I. Laludis. Quant à Nicolae (Nicolas) Laludis, probablement père de Ioan Laludis susmentionné, il doit avoir exécuté un monument au cimetière Bellu portent la signature de N. Laludis.
Le tombeau de la famille Lampaditis : Ce sont deux dalles, l’une à côté de l’autre. Sur la dalle de gauche figure le nom de Maria N. Lampaditis (1897-1891) (fig.6). La dalle, qui a dû être exécutée après 1891, est surmontée d’une petite croix et est décorée de fleurs en relief, ainsi que d’un médaillon également en relief, qui était le cadre de la photo de la défunte, qui manque aujourd’hui. L’autre dalle est toute simple ; y sont gravés les noms des défunts : LAMBADITIS NICULAE/N.1896-D.1984/ LAMBADITIS MARIA/ N. 1897-D.1941/ STEFAN OVEZEA N. 1913-D.1983/OVEZEA AURELIA/N. 1920-D. (? ) (fig.7). Le tombeau a dû être exécutée après 1941, année de la mort du premier défunt. Quant à Niculae (Nicolas) Lampaditis (1896-1984), il doit être membre de la famille bien connue de sculpteurs originaires de Tinos. On n’a pas de documents sur ce Nicolas Lampaditis et sa femme Maria, mais on sait qu’un autre Nicolas Lampaditis (né en 1862), fils du beau- frère et associé de Jean G. Halepas, Marc N. Lampaditis, avait son propre atelier de sculpture à Bucarest[16].
Le tombeau de la famille Mihelis : C’est un monument funéraire composé d’un socle surmonté de la statue d’une figure juvénile aux cheveux longues, qui porte deux tuniques, l’une au-dessus de l’autre, et un himation. De la main droite, elle tient une urne funéraire, décorée d’une croix et posée sur une colonne (fig. 8). La figure est variante du génie du deuil, motif très répandu dans la sculpture funéraire néoclassique[17]. Au-dessous du pied droit de la statue, se trouve la photo du défunt Z. Mihélis en médaillon. Le socle est orné d’un blason portant les instruments des sculpteurs de marbre en relief et entouré de feuilles de laurier, en relief aussi. À l’avant du socle, est gravée l’inscription en grec : ΤΑΦΟΣ ΟΙΚΟΓΕΝΕΙΑΣ / Ζ.ΜΙΧΕΛΗ [Tombeau de la famille Z. Miheli]. Et plus bas, en grec : ΑΝΘΗ Ζ. ΜΙΧΕΛΗ /ΓΕΝΝΗΘΕΙΣΑ ΕΝ ΤΗΝ : [Anthi Z. Miheli/ née à Tinos]/ 1854-1892; et en roumain : ANTI : A Z. MIHILI IN ETATE DE 38 ANI [âgée de 38 ans]. A[I]CI ODIHNEŞTE SCUMPUL ŞI IN VECI/ NEUITAT AL NOSTRUL TATA JEAN MIHELI/ DECEDAT 25 DECEMBRIE 1917/IN ETATE DE 75 ANI [Ici repose notre cher et à éternellement inoubliable père Jean Miheli/décédé le 25 Décembre 1917 à l’âge de 75 ans]. À l’arrière se trouvent trois photos des défunts en médaillon et sont gravés des inscriptions plus récentes mentionnant les noms de : Titu D. Dumitrescu (1890-1966), Maria Dumitrescu (1888-1982), Romeo Iulian Dumitrescu (1921-1996). Sur le côté droit du socle, est gravée l’inscription en roumain, accompagnée de la photo de la défunte en médaillon: AICI SE ODIHNEŞCE /OLIMBIA Z. MIHELI/ NǍSCUTǍ LA 9 APRILIE 1882/ ŞI DECEDATǍ LA 9 MARTIE 1903 [Ici repose/ Olimbia Z. Miheli/née le 9 Avril 1882/ et décédée le 9 Mars 1903]. Aici se odihneşte bunul meu sot/IOAN MIHELI/1886-1960 [Ici repose mon bon époux/ Ioan Miheli]. (fig.9). Le monument a dû être exécutée après 1892, année de la mort du premier défunt.
Parmi les défunts on distingue le nom de Z. ou Jean Mihelis, né, selon l’inscription en 1842 et décédé le 25.12.1917. Ce doit être la même personne que le sculpteur de marbre Zannis Mihelis, qui selon le Registre de la Municipalité de Pyrgos, Tinos, était né en 1839 et il mourut pendant la Première Guerre Mondiale en Roumanie.[18]
Au cimetière Eternitatea (Eternité) de Galaţi se trouve le monument funéraire de la famille Renieris[19]. C’est une stèle funéraire, décorée d’une petite croix gravée sur le marbre ; plus bas, se trouvent deux médaillons en relief, qui étaient les cadres de photos des défunts, qui manquent aujourd’hui (fig. 10). Les inscriptions sont en grec et en roumain: ΙΦΙΓΕΝΕΙΑ Ι. ΡΕΝΙΕΡΗ/ 1922-1939/ ANDRIANA P. PANAIT/ NASCUTA RENIERIS/ 1882-1937/ 1891 DANIEL RENIERIS 1949/ 1884 ΙΩΑΝΝΗΣ Ν. ΡΕΝΙΕΡΗΣ 1947/ ΝΙΚΟΛΑΟΣ Π. ΡΕΝΙΕΡΗΣ/ ΓΛΥΠΤΗΣ/ 1856-1910/ ΦΛΩΡΑ Ι. ΡΕΝΙΕΡΗ/ ΤΟ ΓΕΝΟΣ ΛΟΡΕΝΖΑΤΟΥ/ 1890-1920/ ΔΗΜΗΤΡΙΟΣ Ι. ΡΕΝΙΕΡΗΣ/ 1913-1914/ ΜΑΡΙΑ Ν. ΡΕΝΙΕΡΗ/ 1861-1930 [Iphigenia I. Renieri/1922-1939/ Andriana P. Panait/ née Renieris/ 1882-1937/ Daniel Renieris 1891- 1949/ Ioannis N. Renieris 1884- 1947/Nicolaos P. Renieris/ Sculpteur/1856-1910/Flora I. Renieri/ née Lorenzatou/ 1890-1920/ Dimitrios I. Renieris/ 1913-1914/ Maria N. Renieri/1861-1930]. Le monument a dû être exécutée après 1910, année de la mort du premier défunt.
Parmi les défunts on distingue les noms de Ioannis N. Renieris (1884- 1947) et Nicolaos P. Renieris (1856-1910), ce dernier qualifié de “sculpteur”. On sait par les sources d’archives que le sculpteur Nicolaos P. Renieris, né, d’après le Registre de la Municipalité de Pyrgos, Tinos, en 1850, était installé à Galaţi et travaillait avec ses fils Polychronis (1878-1947)[20], Angelos (né en 1887)[21] et Ioannis (né en 1884)[22]. Ioannis N. Renieris fut aussi décoré en 1926 de l’ordre de la Croix Argent de Roumanie, parce qu’il avait offert à la Municipalité de Galaţi une stèle funéraire dédiée aux soldats Roumains décédés[23]. De plus, les Renieris ont exécuté beaucoup de monuments dans les cimetières de Brăila, Galaţi et Tulcea.
Conclusion
Les tombeaux des sculpteurs de marbre Grecs en Roumanie qu’on a repérés concernent les familles de Colios, Lampaditis, Liritis, Laludis, Mihelis et Renieris. Plus particulièrement, y sont enterrés les sculpteurs de marbre : Apostolos D. Colios (1846-1917) et son fis Iacob A. Colios (1870-1915), Georges (1860-1919) et Démétrius Liritis (1856-1920), Nicolaos Laludis (1846- 1939) et son fils Ioannis Laludis (1870-1943), Zannis ou Jean Mihelis (1842-1917), Nicolaos P. Renieris (1856-1910) et son fils Ioannis N. Renieris (1884-1947). Ils avaient tous, selon nos connaissances, fondé leurs propres ateliers de sculpture, qui étaient des entreprises familiales, dont les fils ont continué le métier paternel.
Ces tombeaux donnent des renseignements sur les dates de naissance et de mort de ces sculpteurs[24], ainsi que des membres de leurs familles. Ils montrent aussi que ces gens se sont installés en Roumanie et ses descendants ont continué à vivre dans ces pays et certains d’eux d’exercer le métier familial.
Leurs métiers ne sont pas mentionnés, sauf pour Ioannis Renieris, qualifié de sculpteur. Mention du métier familial est aussi faite sur le tombeau de Z. Mihelis, où figurent en blason ses instruments de travail. Il est intéressant aussi qu’on ait les documents photographiques de deux sculpteurs, Nicolas Laludis et de Z. Mihelis.
En général, ce sont des tombeaux simples, qui suivent les tendances néoclassiques de l’époque. Le monument funéraire le plus imposant est celui de la famille Mihelis, décoré d’une statue. Parmi les autres tombeaux on distingue une stèle (Renieris), une croix (Colios) et des dalles (Liritis, Laludis, Lampaditis). Aucun tombeau ne porte la signature du créateur. On pourrait, malgré tout, supposer, qu’ils sont faits par les membres des familles elles-mêmes, qui connaissaient l’art de la sculpture de marbre. En somme, ces monuments funéraires témoignent l’existence de ces sculpteurs, membres de la diaspora grecque en Roumanie, qui ont représenté des liens artistiques entre les deux pays.
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Notes
* Figures 1-9 : photos par E. Georgitsoyanni et I. Lagos ; fig.10 : par D. Kontogheorgis
[1] Sur l’Hellénisme de Roumanie au XIXe siècle, voir : C. Papacostea-Danielopolu « La vie culturelle de la communauté grecque de Bucarest dans la seconde moitié du XIXe siècle », in Revue des Études Sud-Est Européennes, nº VII/2, 1969, p. 311-333. C. Papacostea-Danielopolu, « La vie culturelle des communautés grecques de Roumanie dans la seconde moitié du XIXe siècle », Revue des Études Sud-Est Européennes nº VII/3, 1969, p. 475-493. C. Papacostea-Danielopolu, Comunităţile Greceşti din România în secolul al XIX – lea [Les communautés grecques de Roumanie au XIXe siècle], Bucarest, Omonia, 1996. H. Belia « Ο Ελληνισμός της Ρουμανίας κατά το διάστημα 1835-1878. Συμβολή στην ιστορία του επί τη βάσει των ελληνικών πηγών » [L’ Hellénisme de Roumanie pendant la période 1835-1878. Contribution à son histoire sur la base des sources grecques], Δελτίον της Ιστορικής και Εθνολογικής Εταιρείας της Ελλάδος [Bulletin de la Societé Historique et Ethnologique de Grèce], nº 26, 1983, p.6-62 ; O. Cicanci Presa de Limba Greăca din România în veacul al XIX–lea [Presse de langue grecque en Roumanie au XIXe siècle], Bucarest, Omonia, 1995. E. Georgitsoyanni, Παναγής Α. Χαροκόπος (1835-1911). [Panaghis A. Harokopos(1835-1911). Sa vie et son œuvre], Athènes, Livanis, 2000, p. 42-84 (avec résumé français). P. Scalcău, Hellenism in Romania. A Chronological History, Bucarest, Omonia, 2007.
[2] Al. Goulaki-Voutyra, Το Εργαστήριο Μαρμαρογλυπτικής του Ιωάννη Χαλεπά [L’ Atelier de Sculpture de Marbre de Ioannis Halepas], Thessalonique, Annexe, nº19 du vol. XI de l’ Annuaire Scientifique de l’École Polytechnique de l’Université Aristoteleion de Thessalonique, 1989, p. 16.
[3] Opresco, Georges, La Sculpture Roumain, Bucarest, Éditions en Langues Etrangères, 1957, p. 22- 33.
[4] E. Georgitsoyanni, « Relations culturelles entre les peuples du Sud- Est Européen : Le cas d’une corporation de sculpteurs de marbre Grecs de Roumanie au XIXe siècle », in Revue des Études Sud-Est Européennes, nº XLII/1-4, 2004, p.159- 174.
[5] Al. Florakis, Η Τηνιακή Μαρμαροτεχνία. Ιστορία και Τεχνική [L’Art du Marbre de Tinos. Histoire et Technique], Athènes, Fondation Culturelle de la Banque de Pirée, 2008, p.14- 97. E. Georgitsoyanni, « Relations culturelles entre les peuples du Sud-Est Européen : Le cas d’une corporation de sculpteurs de marbre Grecs de Roumanie au XIXe siècle », op.cit, p.160. Myconiatis Élias, Νεοελληνική Γλυπτική [La Sculpture Néoéllenique], Athènes, Ekdotiki Athinon, 1996, pp. 13-16. Ch. Christou, M. Koumvakali-Anastasiadi, Modern Greek Sculpture. 1800-1940, Athènes, Banque Commerciale de Grèce, 1982, p. 26-42.
[6] Al. Florakis, Η Τηνιακή Μαρμαροτεχνία. Ιστορία και Τεχνική [L’Art du Marbre de Tinos. Histoire et Technique], op. cit., pp. 96-97. Al. Goulaki-Voutyra, Το Εργαστήριο Μαρμαρογλυπτικής του Ιωάννη Χαλεπά [L’Atelier de Sculpture de Marbre de Ioannis Halepas],op.cit., pp. 13-23.
[7] E. Georgitsoyanni, « Relations culturelles entre les peuples du Sud- Est Européen : Le cas d’une corporation de sculpteurs de marbre Grecs de Roumanie au XIXe siècle », op.cit., pp.161-163. Al. Goulaki-Voutyra, « Οικογένειες Τηνιακών μαρμαράδων» [Familles de marbriers Tiniotes], in Επιστημονική Επετηρίδα της Πολυτεχνικής Σχολής του Αριστοτελείου Πανεπιστημίου Θεσσαλονίκης [Annuaire Scientifique de l’École Polytechnique de l’ Université Aristoteleion de Thessalonique], nº 11, 1988, p.329-335.
[8] Aucun tombeau de sculpteur de marbre Grec n’existe dans les autres cimetières, où notre recherche eut lieu, notamment ceux de Brasov, Jassy, Brăila, Constanţa, Sulina et Tulcea.
[9] Sur le cimetière Bellu de Bucarest, voir : P. Filip, Bellu. Panteon Naţional [Bellu, Panthéon National], Bucarest, Afir, 2001.
[10] Dans le Registre de 1908-11 de la Municipalité de Pyrgos (nº 447), Apostolos Colios est mentionné comme “tailleur de pierre’’, né en 1839, qui habite en Roumanie. Il était aussi mentionné sur un journal de Tinos de 1919 qu’il mourut pendant la Première Guerre Mondiale en Roumanie (Al. Florakis, Σχέδια Τηνιακής Μαρμαρογλυπτικής. 19ος και 20ός αιώνας [Dessins de la Sculpture de Marbre Tinote], Athènes, Philippotis, 1993, p. 37, 297,299).
[11] Dans le Registre de 1908-11 de la Municipalité de Pyrgos (nº 447), Démétrius Colios est mentionné comme “tailleur de pierre’’, né en 1874, qui habite en Roumanie.
[12] Dans le Registre de 1908-11 de la Municipalité de Pyrgos (nº 449), Nicolas Colios est mentionné comme “tailleur de pierre’’, né en 1876, qui habite en Roumanie.
[13] Dans le Registre de 1908-11 de la Municipalité de Pyrgos (nº 448), Iacovos Colios est mentionné comme “tailleur de pierre’’, né en 1879, qui habite en Roumanie. Selon Al. Florakis, il mourut en 1910 (Al. Florakis, Σχέδια Τηνιακής Μαρμαρογλυπτικής. 19ος και 20ός αιώνας [Dessins de la Sculpture de Marbre Tinote], op.cit., p. 299).
[14] E. Georgitsoyanni, « Relations culturelles entre les peuples du Sud- Est Européen : Le cas d’une corporation de sculpteurs de marbre Grecs de Roumanie au XIXe siècle », op.cit., 171.
[17] Ch. Christou, M. Koumvakali-Anastasiadi, Modern Greek Sculpture. 1800-1940, op. cit, p. 28-31. Él. Myconiatis, « Η ελληνική κοιμητηριακή γλυπτική του 19ου αιώνα » [La sculpture funéraire grecque du 19e siècle], in Αρχαιολογία [Archéologie] nº 36, sept. 1990, p. 46-47.
[18] Dans le Registre de 1908-11 de la Municipalité de Pyrgos (nº 447), Zannis Mihelis est mentionné comme “tailleur de pierre’’, né en 1839, qui habite en Roumanie. Il était aussi mentionné sur un journal de Tinos de 1919 qu’il mourut pendant la Première Guerre Mondiale en Roumanie (Al. Florakis, Σχέδια Τηνιακής Μαρμαρογλυπτικής. 19ος και 20ός αιώνας [Dessins de la Sculpture de Marbre Tinote], op.cit., p. 37, 297, 299).
[20] Al. Florakis, Σχέδια Τηνιακής Μαρμαρογλυπτικής. 19ος και 20ός αιώνας [Dessins de la Sculpture de Marbre Tinote], op.cit., p.37.
[21] On sait que Angelos N. Renieris avait dessiné le Monument du Soldat Inconnu à Galaţi, éxecuté par son compatriote Lazaros Lyritis en 1930 (Ibid., p. 38).