Constantin Mihai
Université Constantin Brâncoveanu, Râmnicu Vâlcea, Roumanie
costimihai1977@yahoo.fr
Littérature comparée et anthropologie :
le questionnement des méthodes mythocritiques et mythanalytiques
Comparative Literature and Anthropology:
Questioning the Mythocritical and Mythanalytical Methods
Abstract: The novelty of this study consists in its questioning of the mythocritical and mythanalytical methods as the founding premises of comparative literature and the anthropology of the imagination. Through myth criticism, anthropology rediscovers the plural imprints in a work of art, seen as a return to the “symbolic character” of human nature. A mythocritical reading tries to emphasize the mythanalytical nucleus or the “mythical pattern” in a story (an oral or a written text). Through the mythocritical approach we can obtain proper results regarding the profound structures of a work. Myth analysis tries to sketch the great directive myths of historical moments and of the types of groups and social relations. Myth analysis enables one to discover the plural totality of histories and cultural developments. The mythocritical and meta-analytical methods contribute to establishing the institution of mythodology, which re-positions anthropological knowledge closer to symbolic logic, through a return to the creative matrix of tradition, which is the only source capable of revalorizing man’s science.
Keywords: Comparative literature; Anthropology; Mythocriticism; Mythanalysis; Mythodology; Pattern; Cultural history.
Il est nécessaire de remettre en question une ancienne problématique visant le rapport entre la littérature comparée et l’anthropologie à partir de sa méthode commune : mythocritique et mythanalytique, dans le prolongement de la théorie esquissée par Gilbert Durand. Il ne faut pas oublier que l’espace culturel roumain repose sur un précédent admirable constitué par l’ouvrage essentiel d’Alexandru Duţu, Littérature comparée et l’histoire des mentalités (Bucarest, Univers, 1982) où l’historien roumain parlait de ces deux disciplines dans un exercice naturel d’interdisciplinarité[1]. Enfin, ce rapport qu’on veut restituer peut être bien perçu dans le cadre de l’histoire culturelle où la pluridisciplinarité est exemplaire.
L’analyse durandienne de la littérature repose sur la question de la réception. Elle pose en principe que ce qui retient l’attention du lecteur, ce sont les affinités du récit avec le mythe. Toute écriture peut être considérée comme un «effet de lecture». Le statut de la création culturelle dicte le statut épistémologique des sciences de l’homme. Elles sont sciences du singulier, de la différence, de la nuance. Les lois de la littérature sont plus que de simples recettes littéraires; elles dépendent des structures imaginaires et c’est donc le mythe qui est l’indicateur de la création culturelle. C’est par la mythocritique que l’anthropologie ressaisit l’enracinement pluriel de l’œuvre d’art, le «caractère symbolique» de la nature humaine. Par cette méthode spécifique, l’anthropologie descend aux couches les plus profondes de la signification qui sont l’enracinement réflexologique de l’espèce, les structures latentes; elle remonte aux manifestations les plus finies des œuvres de la culture. Ainsi se trouvent fondés, et en même temps délimités, le champ culturel et les méthodes.
Nous pouvons formuler les hypothèses de travail de cette anthropologie qui a pour objet les œuvres de la culture: l’homme est l’affirmation du primat absolu de l’œuvre dans sa singularité créatrice; il n’y a pas de structures préétablies de l’œuvre, car c’est celle-ci qui produit des structures; la connaissance de l’œuvre n’est possible qu’en suivant cette dynamique des tensions structurales[2]. Le mythe, et sa petite séquence, le mythème, sont la source du sens, de tout sens possible. Au-delà de la statique patente qu’établissent Les structures anthropologiques de l’imaginaire s’esquisse une connaissance de la dynamique des formations imaginales, à travers une gnose des œuvres de culture, que sera la mythocritique. Au fond, la notion de mythocritique s’est constituée selon le modèle particulier de la «psychocritique» de Charles Mauron, pour signifier l’usage d’une méthode de critique littéraire qui concentre son herméneutique sur le récit mythique.
La mythocritique est une synthèse constructive entre les diverses critiques littéraires et artistiques, telles: la critique d’Hyppolite Taine qui s’appuie sur trois concepts: « race, milieu et temps »; la critique psychanalytique de Charles Baudouin; la critique de Charles Mauron, la psychanalyse existentielle de Serge Doubrovsky, qui réduit l’explication à l’élément biographique de l’auteur, ou la critique structuraliste de Roman Jakobson ou de A. J. Greimas, qui réduit l’explication au jeu formel des structures de l’écriture. Reprenant un thème de la construction bachelardienne, il s’agit de rendre cohérentes les différentes leçons de critique – qui ne sont divergentes qu’en tant qu’elles n’ont pas recours au fondement de leur unité, l’œuvre et sa structuration mythique. Les couches mythiques peuvent se décomposer en trois paliers: le relevé des thèmes redondants qui constituent les synchronicités mythiques de l’œuvre; l’examen des situations et des combinatoires de situation des personnages et des décors; et le repérage des leçons différentes du mythe et des corrélations avec les mythes d’un espace, ou d’une époque culturelle donnée[3]. La mythocritique souligne, pour un objet culturel donné, les mythes directeurs et leurs métamorphoses structurales.
La lecture mythocritique travaille à déceler derrière le récit ce que représente un texte, oral ou écrit, un noyau mythologique, ou «un patron (pattern) mythique». L’étude est centrée sur la diégèse (diegesis), et non sur le style d’un écrivain. Gilbert Durand distingue explicitement la forme du fond pour ne s’intéresser qu’à celui-ci; il institue de la sorte une «esthétique compréhensive» ou une «esthétique du signifié». La lecture fonctionne comme un système à trois aspects: l’aspect synchronique structural du récit (Lévi-Strauss); l’aspect diachronique qui vise les événements du récit et ses redondances; et l’aspect temporel, chronologique, au niveau duquel se produit une confrontation de la synchronicité (Jung) entre la lecture du lecteur et celle de l’auteur. Cet aspect permet la mise en évidence de la métamorphose d’un mythe donné[4].
L’analogie du roman et du mythe est bien attestée par leur commun recours aux redondances, ces séquences qui «répètent en petit l’action principale». Le repérage du mythe en littérature commence par celui des constellations d’images qui se manifestent à différents paliers de l’énoncé. Les mythes inscrits dans un texte forment leur «décor mythique»; ils constituent «le moyen par lequel toute littérature touche et communie en chaque lecteur avec ce qui est à la fois le plus intime et le plus universel»[5].
Les mythes s’inscrivent dans le texte par le truchement des traits distinctifs qui les caractérisent – tel épisode, telle situation, tel attribut du héros – et que Gilbert Durand appelle «mythèmes»; ce sont les plus petites unités du discours mythiquement significatives, mises en évidence par des redondances. Pour qu’un mythe soit présent, il faut que tel lieu, telle action et tel personnage littéraires aient des similitudes récurrentes avec un lieu, une action et un personnage mythiques. Il n’est nullement indispensable que les actants traditionnels du mythe soient nommés. Gilbert Durand parle, à cet égard, d’un primat du verbal et de l’épithétique sur le nom. Autrement dit, pour identifier un «mythe latent» il faut moins se référer aux mentions explicites de dieux ou de héros qu’aux actes et aux qualités des personnages. En outre, l’anthropologue établit que, pour comprendre la construction d’un texte, les «mythes latents» sont souvent plus pertinents que les «mythes patents». Il va même jusqu’à montrer que les auteurs se trompent parfois dans la désignation des mythes qui leur servent de modèles.
Le mythe n’intervient souvent dans la construction textuelle que par un nombre restreint de ses mythèmes. À l’intérieur du mythe nous retrouvons le mythème qui est de nature archétypale, dans le sens jungien, dans le sens schématique, ou encore dans le sens que lui donne Durand, son contenu étant soit un thème, un motif, un «décor mythique», soit un «emblème» ou une «situation dramatique». Sémantiquement, le mythème fonctionne d’une manière «patente», par la réitération de son contenu (situation, emblème, personnage, etc.) ou d’une manière «latente», par la réitération de son schème intentionnel en un processus similaire aux «déplacements» étudiés par Freud au niveau des rêves.
En analysant les mythèmes de l’œuvre d’André Gide, Gilbert Durand souligne l’existence de deux systèmes sémantiques. Il s’agit du système des mythèmes «patents» du «bâtard » qui sont essentiels pour «la naissance du héros» ou bien du système des mythèmes «latents» repérables au niveau de l’exposition gidienne: «Saül parti au désert à la recherche de ses ânesses», qui réapparaît d’une manière camouflée dans la parabole de la brebis perdue. La redondance «patente» des contenus mythémiques tend vers le «stéréotype identificateur». Par exemple, la description proustienne de Charlus comme un «Prométhée enchaîné» est exemplaire, tandis que tous les mythèmes «latents» du baron hermaphrodite sont hermétiques. Le mythe devient ainsi une simple référence, un attribut dans la trame du récit, phénomène bien connu aux historiens des religions. Au contraire, lorsqu’il y a une redondance « latente » du schème mythique, le récit tend à l’apologue, à la parabole, tout comme dans Les Fables de La Fontaine[6].
Les métamorphoses du mythe révélées par l’analyse mythocritique proviennent soit de la dissolution de l’ethos du mythe en faveur de l’élément descriptif, de l’allégorie, soit de l’usure du mythe au bénéfice des intentions inactuelles, refoulées par «le temps et le milieu». La mythocritique essaie d’extrapoler le texte en vue de transgresser l’œuvre et d’accéder à la biographie de l’auteur et à ses préoccupations historico-culturelles.
Toute mythocritique repose sur des couches sémantiques plus impliquantes que les lignes du texte proposé. La mythocritique implique une mythanalyse, une reconnaissance d’une numinosité transcendante à laquelle s’essaie timidement l’écriture[7].
La mythocritique réclame, donc, une mythanalyse qui est au moment culturel et à l’ensemble social ce qu’est la psychanalyse à la psyché. La notion de mythanalyse définit une méthode d’analyse scientifique des mythes, en vue de décrypter leur signification sociologique.
Nous n’entrerons pas dans les détails de la polémique de Pierre Brunel, qui reproche à Gilbert Durand, d’avoir emprunté, sans le dire, un terme forgé par Denis de Rougemont pour faire pendant à celui de psychanalyse[8]. À partir de l’idée centrale que les mythes ordonnent notre vie émotive et nous gouvernent à notre insu, Denis de Rougemont entend les étudier «pour trouver le fil rouge des trames où nous sommes engagés». Il ne prétend pas nous libérer ainsi de l’emprise des mythes, mais de permettre de mieux comprendre les contraintes qui pèsent sur nos comportements et d’être, donc, «un peu plus libres». Sa mythanalyse vise à éclaircir les raisons de nos choix et «leurs implications trop souvent inconscientes, spirituelles autant que sociales »[9].
Si pour Denis de Rougemont, la mythanalyse ne fait que prendre la littérature pour prétexte en vue d’une analyse de notre société dans sa mythomanie, elle permet, aux yeux de Gilbert Durand, d’élargir le champ individuel de la psychanalyse, dans le sillage de l’œuvre de Jung. Dans la présentation des théories de Denis de Rougemont et de Gilbert Durand sur la mythanalyse, Pierre Brunel part du présupposé que la mythocritique et la mythanalyse doivent se mettre au service du texte littéraire quand il contient des occurrences mythiques. Le comparatiste essaie de retrouver certaines constantes de type structural et de montrer qu’elles se regroupent autour du mythe et dans le cadre de la notion de mythanalyse. Chez Denis de Rougemont, la mythanalyse se révèle double et appelle donc une double méthode. D’un côté, il s’agit d’une investigation autour de la littérature et, de l’autre, d’une étude de la société. S’éloignant de la conception négative du mythe, celle du mythe en tant qu’illusion, Denis de Rougemont opère une distinction entre un sens large, qui renvoie au texte ou au récit – le mythe en tant qu’histoire ou fable symbolique qui résume un nombre infini de situations analogiques –, et entre un sens étroit – le mythe qui traduit les codes de comportement d’un groupe social ou religieux, à partir de l’élément sacré.
Le mythe est à la fois historique et éternel. L’incertitude est si grande qu’elle rejaillit sur la notion d’archétype. En toute rigueur, a-t-on le droit de parler d’un « archétype médiéval », donc fort éloigné de l’arché (du commencement) ? C’est parce qu’il confond tout, le thème et le mythe, le mythe et l’archétype que Denis de Rougemont peut ainsi élargir démesurément le domaine de Tristan et substitué au mythe de Tristan ce qu’il appelle tout aussi improprement « le mythe occidental de l’amour », un mythe qui n’est pas si occidental, et qui pourrait bien être créé de toutes pièces par l’essayiste: son mythe, c’est-à dire, cette fois, son illusion[10].
L’Amour et l’Occident constitue une illustration de la mythanalyse. Pour Denis de Rougemont la littérature n’est que la prémisse d’une recherche plus large. Le mythe n’est qu’un moyen, l’outil opérationnel d’une mythanalyse. En échange, Gilbert Durand offre au comparatisme une autre perspective. Si le point de départ est la mythocritique, le regard critique est sollicité par une mythanalyse qui débouche sur une mythodologie.
La mythanalyse, qui dépasse la réduction freudienne, repose, au fond, sur l’affirmation du « polythéisme » des pulsions psychiques. Si la psychanalyse jungienne uniformise, par exemple, l’archétype d’anima, la mythanalyse s’intéresse vraiment à déceler plusieurs types d’anima, en fonction de la taxinomie de la mythologie. C’est par cet aspect majeur que la mythanalyse acquiert une signification sociologique, car les personnages mythologiques se prêtent à une analyse historique; les héros et les dieux apparaissent et disparaissent en fonction du rythme qui scande les moments essentiels d’une histoire culturelle.
La mythanalyse réévalue le concept d’épistémè propre à Michel Foucault, mais dans le sens d’une dynamique, d’une génétique du symbole et des mythes. D’ailleurs, la mythanalyse esquisse les grands mythes directeurs des moments historiques et des types de groupes et de relations sociales. Ainsi, par recouvrements successifs, c’est la totalité plurielle des développements culturels qui se trouve investie par l’anthropologie.
La mythanalyse peut procéder de deux façons: soit qu’elle prolonge naturellement la mythocritique, et cette voie est plutôt suivie par les littéraires formés à l’analyse des textes, soit – et c’est la voie philosophique – qu’elle parte des séquences et des mythèmes d’un mythe bien établi, et qu’elle en lise les résonances dans telle société ou dans tel moment historique. Sans jamais perdre de vue, toutefois, que toute société est modelée par une topique systémique et que l’âme d’un groupe (peuple, ethnie, nation ou tribu…) est toujours plus ou moins «tigrée»[11].
Par exemple, la mythanalyse des représentations et des pratiques politiques du XXe siècle souligne la présence d’un déséquilibre dans la topologie du mythe. Il s’agit d’une «religion séculière », d’un totalitarisme qui s’appuie sur un mythe millénariste latent et qui, sous couvert d’une scientificité pure et dure, se substitue aux mythes de la fin de l’histoire, de l’unidimensionnalité du progrès[12].
La mythanalyse du totalitarisme gravite autour de quelques mythes essentiels: le mythe central de la raison (la raison en tant qu’indice de vérité); le mythe de la science (la science a une double vocation, celle de fournir une explication définitive du monde et celle de la modifier); le mythe de l’unité (le cosmos, la société et l’homme s’organisent en une unité cohérente); le mythe du déterminisme (un enchaînement de causes et d’effets gouverne la destinée du monde); le mythe des lois historiques (il y a un mécanisme de l’histoire qui se manifeste par des lois que nous pouvons utiliser au profit de l’humanité); le mythe de la prévision scientifique (la science et la raison, s’appuyant sur des lois scientifiques, peuvent prévoir des réalités qui ne sont pas redevables aux observations ou à l’expérimentation; la société totalitaire et la société martienne découlent de ce principe mythologique); le mythe du progrès, soutenu par le mythe de l’évolution (il y a un sens ascendant dans l’histoire de l’univers, de la vie); le mythe de la transformation du monde (l’homme peut recréer le monde, la nature et la société selon un plan scientifique). Au fond, ces mythes sont l’illustration d’un mythe fondateur, le mythe millénariste, archétype de l’Imaginaire, surtout dans sa variante séculière[13].
Par rapport à la découverte du mythe alchimique dans les œuvres de la modernité, les sociétés modernes élisaient, en sens inverse, «un contre mythe», en sécularisant tout mythe et en établissant de redoutables «religions politiques». En fait, la mythanalyse sociologique, reposant sur les fondements de la mythocritique, remodèle une conception holistique et systémique de l’histoire.
Toutefois, les méthodes mythocritiques et mythanalytiques contribuent à la constitution d’une mythodologie, qui rattache la connaissance anthropologique à la logique du tiers inclus, par le retour à la matrice créative de la tradition, la seule source de revirement de la science de l’homme. La restauration du mythique comme procédure épistémologique doit s’appuyer sur ces deux méthodes en tant qu’orientation fondamentale vers une histoire culturelle ouverte à un comparatisme fécond et à une interdisciplinarité novatrice. La recherche des structures et des figures mythiques peut révéler le visage des œuvres de l’homme et leurs significations profondes.
Notes
[1] Cf. Nicolae Mihai, La Dimension humaine de l’histoire. L’histoire des mentalités dans la conception d’Alexandru Duţu, in « Transylvanian Review », XV, No.1/2006, p. 61 : « Dans un livre passé presque inaperçu par les historiens, où il s’arrêtait sur les rapports entre l’histoire des mentalités et la littérature comparée, synthétisant les résultats des recherches d’histoire des mentalités et ses réflexions personnelles concernant la collaboration fructueuse entre les deux disciplines, Alexandru Duţu parlait des avantages de l’histoire des mentalités ».
[2] Gilbert Durand, Figures mythiques et visages de l’œuvre. De la mythocritique à la mythanalyse, Paris, Berg International, 1979, p. 122. Sur la fonction de la mythocritique, voir aussi Jean-Marc Moura, Imagologie littéraire et mythocritique: rencontres et divergences de deux recherches comparatistes, in Pierre Brunel (dir.), Mythes et littérature, Paris, PUF, 1994, pp. 129-141.
[3] Gilbert Durand, Figures mythiques et visages de l’œuvre. De la mythocritique à la mythanalyse, Paris, Berg International, 1979, p. 309.
[4] Gilbert Durand, Figures mythiques et visages de l’œuvre. De la mythocritique à la mythanalyse, Paris, Berg International, 1979, p. 310.
[5] Gilbert Durand, Le décor mythique de la Chartreuse de Parme. Contribution à l’esthétique du romanesque, Paris, José Corti, 1961, p.14.
[6] Gilbert Durand, Figures mythiques et visages de l’œuvre. De la mythocritique à la mythanalyse, Paris, Berg International, 1979, pp. 311-313.
[7] Gilbert Durand, Introduction à la mythodologie. Mythes et sociétés, Paris, Albin Michel, 1996, p. 194.
[8] Pierre Brunel, Mythocritique et parcours, Paris, PUF, 1992, le chapitre « Mythanalyse et mythocritique » (pp.38-55). « Mythanalyse est un terme qui appartient d’abord à Denis de Rougemont. Je lui en rendrai donc la paternité, abusivement revendiquée par Gilbert Durand ». La question de la paternité du terme de « mythanalyse », invoquée par Pierre Brunel, est un faux problème, d’autant plus que Gilbert Durand affirme l’expressis verbis, notion qu’il emprunte à la psychanalyse et qu’il utilise dans le sens des sociologues de l’Imaginaire. En fait, pour un savant comme Gilbert Durand qui pense d’une manière personnelle et originale, il n’y a pas d’influence. Par conséquent, toute cette polémique est superflue. D’ailleurs, Pierre Brunel exprime aussi, contre toute évidence, une opinion fallacieuse sur la mythocritique de Gilbert Durand. Même si, selon Pierre Brunel, « la mythocritique n’a jamais constitué une école critique », s’agissant plutôt « d’une tendance diffuse dont les origines sont lointaines et qui a trouvé force à date plus récente dans l’entourage de Gilbert Durand », le comparatiste français accepte enfin que « la mythocritique appartienne à Durand; dans son œuvre, la chose existe avant le mot (il en allait d’ailleurs de même pour Denis de Rougemont)».
[11] Gilbert Durand, Introduction à la mythodologie. Mythes et sociétés, Paris, Albin Michel, 1996, p. 216. Voir aussi Ioan St. Lazăr, Mitologie şi literatură comparată (Mythologie et littérature comparée), Bucarest, Éditions Fundaţia România de Mâine, 2005; Lucian Boia, Pour une histoire de l’Imaginaire, Paris, Les Belles Lettres, 1998; Fernand Braudel, Le temps du monde, Paris, Armand Colin, 1979.