Marinela Doina Dorobanţu
Université Technique de Constructions de Bucarest, Roumanie
ddmarilena@yahoo.com
Erwin Kretz
Université Technique de Constructions de Bucarest, Roumanie
er_k1979@yahoo.fr
Quelques clichés et vérités sur la Roumanie
A few clichés and facts about Romania
Abstract: This paper aims at analysing several clichés and facts about Romania, filtered through the perspective of two researchers, a Frenchman and a Romanian, in order to reveal that the force of a cliché is sometimes greater than that of the factual reality. Being situated at the confluence of several cultural axis, Easter Europe, The Balkans, or Central Europe, Romania is not a homogenous country, but is at the same time Balkan, eastern and central European. This geographical position has brought about Romania’s image of a “marginal” space, exotic and unique, the Carpathians being the perfect setting for the creation of legends and myths, which have generated clichés and stereotypes. The need for clichés is not generated by the socio-cultural phenomena alone, but has a cognitive background which results from the human brain’s inability to consciously deal with the information it receives. In reality, there are three categories of receptors: the intolerants- less educated individuals, the mass- individuals who have read or heard of certain Romanian personalities, and a third category – that of those who have visited Romania, are passionate about Romanian culture and prefer to generally see its good aspects. Being viewed as one of the last “terra incognita” in Europe, the Romanian space is a victim of stereotypes for those who like cultural simplifications. Out of the multitude of ideas about Romania, be them preconceived or not, we chose to discuss the myth of Dracula, and some positive and negative aspects, that we have also tried to explain: “Traditional Romanian hospitality”, “Romanians are thieves”, <Bucharest – the little Paris> and “The beauty of Romanian women”. Along its historic path, Romanian culture has had several influences, which have generated disputes among specialists, the most ardent ones defending the Latin current. From this perspective as well, the Romanian space- an “island of Latinity” in the great Slavic enclave, is perceived as exciting, isolated and full of authentic archaic traditions, which, when correctly interpreted, can become our strong point in the age of globalisation.
Keywords: Romania; Cliché; Stereotypy; Myth; Balkanism; Exotism.
Dans son ouvrage La Roumanie : pays frontière de l’Europe, l’historien Lucian Boia remet en cause l’appréciation de la place de la Roumanie dans le monde, en commençant par la carte de l’Europe : l’Europe orientale, les Balkans ou l’Europe centrale, tandis qu’après une argumentation historico-géographique il conclut :
La Roumanie n’est pas un pays homogène (…). La Roumanie est en même temps balkanique, orientale et central-européenne, sans appartenir complètement à aucune des ces divisions par ailleurs relativement artificielles[1].
De quelque angle qu’on puisse l’observer, l’espace roumain se présente comme un espace en marge, ce fait conduisant dans une certaine mesure à un certain isolement, mais également à la perpétuation des structures traditionnelles ainsi que d’une mentalité attachée aux valeurs autochtones. Mais quelle est la part de réalité dans ces considérations ? Ayant récemment et légitimement intégré la grande famille européenne, le problème de l’appartenance aux Balkans constitue encore un sujet de disputes animées en Roumanie. La Roumanie ne fait peut-être pas partie des Balkans d’un point de vue géographique, mais dans la vie quotidienne les choses se présentent sous un autre jour.
Les Balkans, qui en Turc signifient montagnes, s’étendent du Danube aux Dardanelles, de l’Istrie jusqu’à Istanbul, est un terme qui recouvre les petits territoires de la Hongrie, de la Roumanie, de la Yougoslavie, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Grèce et d’une partie de la Turquie, bien que ni Hongrois ni Grecs ne reconnaissent leur appartenance à ce qualificatif. Il s’agit ou il s’est agi d’une péninsule exotique à la population pleine de vie, qui mange une nourriture épicée, boit de l’alcool fort, porte des vêtements aux couleurs claires, aiment et tuent facilement et ont un talent exceptionnel pour ce qui est de provoquer des guerres[2].
Dans l’opinion de Sulzeberger, les Balkans, vus comme un tableau, signifient profusion de vie, d’exotisme, de passion et même… de terrorisme. Vue comme un tableau, la Roumanie peut être également perçue comme une mosaïque culturelle, car sa position de frontière de l’Europe a fait que sur le tronc commun de la Roumanie se sont greffées, d’une époque à l’autre, des cultures et des religions très différentes : Juifs, Turcs et Tatares, Russes lipovènes, Ukrainiens, Hongrois, Serbes, Allemands, ayant cohabité en de bons termes avec la population à majorité roumaine. Il va sans dire que ces influences se sont manifestées de diverses façons dans les trois provinces à l’origine de la Roumanie d’aujourd’hui, mais, de cette perspective, la Roumanie peut être vue précisément comme une synthèse de l’Europe. Peu de peuples européens ont en effet eu autant à faire que les Roumains aux étrangers, tout au long des périodes de domination au cours desquelles les modèles de civilisation se sont succédés et ont fait s’installer ici des populations d’une extrême diversité.
Juste avant le début de la deuxième guerre mondiale, une journaliste britannique amoureuse des Balkans, Rebecca West, encourageait ses contemporains à tirer les enseignements de l’histoire troublée des Balkans, vus comme l’expression la plus authentique des valeurs européennes. Dans ce contexte, nous considérons qu’en vue d’une bonne compréhension du peuple roumain, il serait nécessaire d’étudier également l’histoire du peuple roumain, car pour lui l’histoire, l’instabilité sont un handicap qui le maintient à l’écart en raison des disfonctionnements accumulés.
Contrairement à d’autres peuples, les Roumains ont subi des périodes de grande crise, ont dû faire front contre une multitude de vagues d’intérêts contradictoires ; bien souvent, ils ont été l’objet de graves et pesantes incompréhensions[3].
Sans passé, nous ne serions ni ne saurions ce que nous sommes, des siècles de sang, de croyances et de chants seraient définitivement effacés de la mémoire collective, tandis qu’un futur basé sur la seule matière est, de façon indiscutable, incertain. Une vie attachée aux événements du passé ne constitue pas cependant une forme de progrès. C’est la raison pour laquelle l’ « hétérotopie » que nous vivons à l’heure actuelle se doit d’associer des caractéristiques sociologiques à l’histoire / à la mémoire, qui se recoupent au niveau social. Nous devrions penser avec l’histoire et non pas à l’histoire, afin de nous réorienter en vue du présent et, surtout, de l’avenir.
Malheureusement, les Balkans sont perçus comme un territoire instable, tout comme la Roumanie qui se présente dans la grande famille européenne avec de bons et de mauvais aspects, mais surtout avec la réputation peu désirable de pays imprévisible. Toutes ces étiquettes doivent être acceptées avec retenue. Il s’agit, au fond, d’abstractions plus ou moins spéculatives, conventionnelles, qui cherchent à simplifier de façon extrême ce qui constitue en fait une multitude de caractéristiques constitutives d’un peuple ou d’un autre. Antoaneta Olteanu souligne que :
Géographiquement, les Balkans sont liés à l’Europe, tandis que d’un point de vue culturel ils sont devenus avec le temps l’objet de nombreuses frustrations culturelles, politiques et idéologiques, un summum de caractéristiques négatives et le repère ayant servi à la construction, par contraste, de l’image positive et flatteuse pour lui-même de « l’Européen » et de « l’Occidental » [4].
En sociologie, le cliché ou stéréotype est une opinion généralisée très souvent répétée dans les mêmes termes et concernant le plus souvent un type d’individus, un groupe ou bien encore une classe sociale. Son usage permet une économie de la réflexion, car il est basé sur des a priori. Le cliché reflète une image du sujet fondée uniquement sur la réputation de ce dernier, en aucun cas sur des faits étudiés ou avérés. Le cliché représente donc une simplification généralisatrice, basée sur l’idée qu’ « il n’existe pas de fumée sans feu », que « cela doit nécessairement être vrai, puisque tant de personnes le disent ». Prenons un exemple : en France comme en Roumanie ou d’autres pays, les fonctionnaires ont souvent la fâcheuse réputation d’être paresseux ; l’économie de raisonnement et de discours argumenté permet une critique totalement arbitraire de ce que l’on ne connaît finalement pas.
D’un point de vue psychologique, le cliché ou stéréotype est utilisé par certains dans le but d’une accréditation personnelle : il est utilisé ici comme une arme visant à attribuer des défauts à un groupe ainsi stigmatisé. L’ensemble des clichés ou concepts rudimentaires d’un individu est appelé doxa, opposée à tout esprit critique.
Les clichés sont de catégories nombreuses ou diverses : sexistes, physiques, professionnels (exemple des fonctionnaires) ou bien encore nationaux ou raciaux, ces derniers étant axés sur un pays (voire une région) ou un groupe ethnique : les Juifs sont avares, les Corses sont violents, les Russes sont alcooliques, les Américains sont gros, les filles de l’Est sont des prostituées ou matérialistes, les Italiens ne mangent que des pattes ou des pizzas, le Cubain est un rebelle socialiste, les Arabes sont fondamentalistes, les Africains vivent dans des cabanes et sont toujours joyeux, etc. Il arrive que certaines personnes appliquent à leur propre peuple certaines images toutes faites ; beaucoup de Français considèrent que leurs compatriotes sont dans l’ensemble de bons cuisiniers ou amants, ce dernier cliché étant constamment véhiculé par les chansons ou le cinéma (Paris ville de l’amour et du romantisme), alors même qu’à l’étranger ils sont par exemple parfois considérés comme chauvins.
Dans leur ouvrage Stéréotypes, préjugés et discrimination[5], Jean-Baptiste Légal et Sylvain Delouvée Dunod étudient l’interdépendance de ces trois notions. Les stéréotypes (ou croyances) peuvent expliquer pourquoi une personne va faire preuve de discrimination envers les personnes d’un groupe donné. Les comportements discriminatoires peuvent, à leur tour, entretenir l’existence des stéréotypes et des préjugés. Habituellement, les clichés proviennent du fonds émotionnel commun, tandis que les stéréotypes ont leur source dans les sentiments de haine, de frustration, de bonheur et de réalisation.
Mais les stéréotypes ne sont pas seulement des phénomènes socioculturels, ils ont aussi une origine cognitive ; dans leur ouvrage intitulé La charge cognitive[6], Lucile Chanquoy, André Tricot et John Sweller expliquent que d’un point de vue cognitif, l’origine des stéréotypes vient de l’impossibilité pour notre cerveau de traiter consciemment la totalité des informations qu’il reçoit. De ce fait, il s’adapte en simplifiant l’information qui lui arrive ; un de ces moyens est de catégoriser et de classer les informations. En quelques millisecondes, à partir de caractéristiques physiques par exemple, nous sommes capables d’attribuer une catégorie à une personne. L’information est triée par contraste ou par similarité.
Souvent perçue à l’étranger comme une des dernières terra incognita en Europe, la Roumanie est une « victime » toute désignée pour les amateurs de raccourcis culturels ; vérité factuelle et imagination se fondent souvent l’une dans l’autre, sur fond d’image d’Épinal. Nous avons personnellement été témoin de la formulation de nombreux clichés plus ou moins fantaisistes et en tous cas réducteurs à l’encontre de ce pays : « y a-t-il des universités en Roumanie ? Des feux de signalisation ? La quasi-totalité de la population est-elle d’origine tzigane ? », idées reçues allègrement relayées par la presse de nombreux pays occidentaux. Le réalisateur britannique Peter Greenaway affirmait :
Vous les Roumains avez une culture particulièrement mimétique. La Roumanie est invisible dans le monde. En termes culturels internationaux vous n’avez pas produit de grands musiciens, de grande littérature. Peut-être Enescu. (…) Mais il est resté une figure mineure, locale… Il a été actif principalement dans le Paris des années 1930. Vous n’avez rien offert à la culture européenne. La Roumanie m’intéresse précisément parce que vous êtes invisibles [7].
Nous sommes ainsi marqués par le même subjectivisme, que l’on parle soit de réductionnisme des stéréotypes, soit d’abstraction anthropologique. Voilà le péril qui nous guette dans le monde de la globalisation, et, si dans la société postmoderne l’identité tend à devenir quelque chose d’imaginaire, la Roumanie, en tant qu’espace culturel, a besoin d’une reconnaissance de ses valeurs ainsi que du respect de ses élites. L’identité roumaine ne saurait être rémanente, figée ou tout simplement nostalgique, elle doit également se reconstruire activement aux niveaux inconscient et symbolique.
Quand on parle de la Roumanie en dehors de ses frontières, les premières choses mentionnées par les citoyens moyens sont : la misère, la saleté, Ceauşescu et la Maison du Peuple ; si l’on invoque des personnalités et personnages, les « leaders » du classement pouvant être apparentés à des clichés sont : Dracula, encore une fois Ceauşescu et la Maison du Peuple mais également Nadia Comăneci, Hagi ou Ilie Năstase. De la part des personnes cultivées éventuellement George Enesco, que nous avons déjà cité, Constantin Brâncuşi, Émile Cioran ou bien encore Eugène Ionesco, car ils sont généralement perçus en tant que Roumains d’origine, mais appartenant à d’autres cultures.
En dehors de la Roumanie, il existe en fait trois catégories de récepteurs :
- les intolérants – des personnes peu cultivées, qui s’imaginent que les Roumains ont beaucoup d’enfants sans domicile fixe et qui, en général, voient les Roumains comme étant sales et voleurs ;
- la grande majorité des personnes – celles qui ont entendu parler de certaines personnalités roumaines ou ont lu des choses à leur sujet : Dracula, Nadia, Hagi, etc.
- la catégorie des étrangers ayant visité la Roumanie, qui sont passionnés par la culture roumaine, qui aiment ce pays et essayent de se focaliser sur les points positifs des Roumains, ont lié des amitiés avec ces derniers et, pour cette raison, comprennent mieux leur mentalité ou leur façon d’être.
Parmi la multitude de clichés sur la Roumanie, nous avons choisi de passer en revue seuls quelques-uns d’entre eux – les plus fréquents – auxquels nous tenterons de donner de possibles explications.
Dracula
Quand on leur demande ce qu’ils savent sur la Roumanie, la majorité des étrangers répondent invariablement : Dracula et Ceauşescu, qui paraissent être l’expression la plus concentrée du Panthéon roumain. Sans base réelle, Dracula est devenu un nom de référence dans le monde entier ; il a intégré le trésor culturel de l’humanité, mais ce qui est plus étrange est que les Roumains l’ont découvert relativement récemment et ne l’ont pas perçu comme un élément représentatif, leur « appartenant ». De fait les choses sont bien ainsi. Dracula – tel qu’il est perçu aujourd’hui – constitue le résultat de l’interférence de faits historiques réels, entrés dans la légende et liés au règne de Vlad Ţepeş – Dracula, des écrits de certains chroniqueurs de l’époque, avec l’intention de montrer le prince sous un mauvais jour, amplifiés au cours des siècles suivants par l’association au personnage du roman de fiction « Dracula », paru en Angleterre en 1897 et ayant pour auteur l’écrivain irlandais Bram Stoker ; l’auteur avait utilisé des sources folkloriques, des mentions historiques ainsi que des expériences personnelles dans le but de la réalisation de ce personnage complexe.
Le héros du roman n’est même pas roumain mais appartient à une communauté sicule, population de langue hongroise de l’est de la Transylvanie. Cela ne l’empêche pas d’affirmer sa parenté avec le voïvode roumain Vlad Drăculea historique (1431-1476), fait ayant conduit à l’apparition du mythe littéraire du vampire. L’espace roumain et l’Europe de l’est en général continuent à être vus comme un territoire exotique, dans lequel le surnaturel à dimension pathologique intrinsèque interfère avec la vie réelle. Chez les roumains, ce mythe ne s’est pas ancré de la même manière qu’ailleurs, et c’est pour cette raison que la recherche de Dracula en Roumanie – sur les traces de Vlad Ţepeş n’est qu’un jeu puéril qui, le plus souvent, déçoit les touristes en quête de sensationnel. Pourtant, des considérations économiques font que les autorités roumaines jouent parfois d’une certaine ambiguïté : la municipalité de la ville de Târgovişte souhaite attirer les touristes étrangers avec l’aide de Vlad Ţepeş et a initié des projets dans ce sens, financés à partir de fonds européens, arguant que le voïvode a régné à Târgovişte et non pas à Bran ou à Sighişoara ; l’image de Dracula sera l’aimant visant à attirer les touristes étrangers. En 2002, le gouvernement roumain avait décidé la construction à Snagov d’un parc d’attractions à thème, le « Dracula Park » ; le projet fut cependant abandonné par la suite.
Les Roumains ne paraissent pas renoncer à Vlad Ţepeş, dont les divers actes de cruauté sont mis au compte de la raison d’état. L’empalement était une habitude juridique ancestrale spécifique aux Thraces, mentionnée dans les Histoires d’Hérodote, tandis que le prince régnant a remis au goût du jour la justice ancestrale. Dans un projet de la Télévision nationale, Les grands Roumains, déroulé il y a quelque temps et réalisé selon le format de la BBC – Les grands Britanniques, le voïvode Vlad Ţepeş occupait la 12è position sur un total de 100. En dépit de la légende de Stoker, les Roumains ont considéré que Ţepeş fut un véritable défenseur de la chrétienté (bien qu’il ait été réputé pour sa cruauté – il faisait empaler ses ennemis) et que sous son règne, la Valachie avait temporairement obtenu son indépendance par rapport à la Porte Ottomane. Les grands Roumains a été plus qu’un programme télévisé ; il a constitué également un débat national dont le but, au-delà du choix du Roumain le plus valeureux de tous les temps, a été de parler des repères des Roumains. La place de choix occupée par Vlad Ţepeş dans ce classement démontre que dans la mémoire collective roumaine existe un besoin ancestral de justice. Le prince régnant représente «une voix du substrat qui transperce le temps et voyage dans l’immensité du monde en portant cependant un message opposé, étant le représentant d’un peuple de « vampires ». Pristanda, dans la scène I d’Une Lettre perdue (sa première réplique dans la pièce):
« Vraiment bizarre!… Pardon excusez-moi, monsieur Fănică, de demander : bampir… c’est quoi ça un bampir ? ». Effectivement, le vampire n’est pas représenté dans nos mythes et dans nos essais, il s’agit d’un emprunt cultivé. Tipătescu se sent tenu d’expliquer le néologisme utilisé par le journal dont il tire sa citation: C’en est un… un qui suce le sang du peuple…[8]
La traditionnelle hospitalité roumaine
Certains glorifient l’hospitalité roumaine, la mythifient et, ce faisant, la transforment en une marque emblématique de cet arsenal comportemental apparemment typiquement roumain. D’autres la critiquent, la ridiculisent et la considèrent artificielle. Il existe deux extrêmes inconciliables, mais qui suggèrent que nous ne pouvons parler d’une hospitalité uniforme entrelacée avec cette roumanité attributive, mais plutôt d’une hiérarchie d’« hospitalités » variant en fonction du contexte social et historique. En général, les Roumains sont convaincus qu’ils ont une attitude positive par rapport aux étrangers, qu’ils sont bienveillants, amicaux et accueillants. Tout cela est en grande partie vrai, même si une telle attitude ne caractérise pas exclusivement les Roumains mais les communautés dans leur ensemble. Pour ce qui est de l’hospitalité traditionnelle du peuple roumain, celle qui d’après le proverbe veut qu’on accueille son hôte avec du pain et du sel (avec tous les égards), celle-ci ne peut être de nos jours qu’une sorte de spectacle, car désormais l’hospitalité roumaine fonctionne principalement selon des considérations économiques. Il est possible que dans certains villages subsistent des traces de ces coutumes, mais partout le paysan est plus hospitalier que le citadin. L’hospitalité elle-même se décline de plusieurs façons : une hospitalité contre rémunération peut être fournie dans le Delta du Danube, dans le Maramureş historique ou bien encore dans la région de Bran, cependant qu’une hospitalité quasi-altruiste peut être rencontrée en Bucovine, la région de Ţara Lăpuşului ou, plus à l’intérieur des terres, dans les monts Apuseni.
Il n’en reste pas moins que nombre de touristes étrangers perçoivent effectivement les Roumains comme étant un peuple particulièrement accueillant ; nous avons ici un exemple de cliché positif, mais dont une étude plus approfondie permet de déceler certaines facettes nettement moins favorables. Si la première impression globale des touristes étrangers est effectivement souvent favorable, elle n’en est pas moins régulièrement entachée d’un certain nombre de préjugés : l’expression française « traire la vache à lait occidentale » est évocatrice à cet égard ; elle est communément formulée par des visiteurs « condescendants », conscients des vertus d’hospitalité au sein de la population de pays moins développés économiquement mais mettant cette même hospitalité sur le compte de difficultés économiques. De là la question de savoir s’il existe un lien entre hospitalité et pauvreté. En d’autres termes, les Roumains, globalement perçus comme hospitaliers et solidaires, le sont-ils en raison de certaines difficultés économiques ? Par extrapolation, y a-t-il une relation d’interdépendance entre « riches » et « pauvres » ? Il semble peu probable que des études sérieuses puissent corroborer ce type d’affirmation. Les Français et les Allemands, considérés par beaucoup de gens à travers le monde comme des peuples faisant preuve d’une certaine réserve dans les rapports entre personnes, donc « inhospitaliers », n’en sont pas moins des pays à forte tradition d’hospitalité politique. Les deux pays mentionnés sont communément considérés comme des terres d’accueil. La France comporte par exemple la plus forte minorité musulmane d’Europe occidentale. Citons également l’exemple de la Légion étrangère, corps d’élite de l’Armée de terre française dont une grande partie des effectifs sont constitués par l’apport de soldats de nationalités diverses. Il nous paraît donc nécessaire d’opérer une distinction entre hospitalité au niveau de l’individu et hospitalité au niveau de l’état.
Les Roumains sont des voleurs
Le roumain incivil, voleur et violent est entré dans l’imaginaire collectif des Européens. Mais les Roumains sont-ils véritablement des voleurs ? Le journaliste Radu Paraschivescu constate que :
Probablement, le sens figuré de la constatation « les Roumains sont des voleurs » surclasse le sens propre. Les Roumains qui se débrouillent honnêtement dans la vie sont plus nombreux que ceux qui mettent la main dans la poche de leur voisin. (…) Les Roumains volent indifféremment au figuré (des baisers d’une bien-aimée ou les compétences d’un maître) que dans le sens pragmatique (des bracelets daces ou des piles d’euros dans les bureaux de change). Il le fait aujourd’hui car le microbe lui a été inculqué dès son plus jeune âge, du temps où il apprenait à la maternelle « le petit chien aux cheveux bouclés / vole le canard dans le poulailler ». Ou à l’école, quand l’épisode le plus palpitant des Souvenirs d’enfance était – cela va de soi – le vol de cerises. Ainsi dressé le pauvre Roumain n’a pas d’échappatoire et doit respecter la feuille de parcours. C’est ainsi que se développe une culture de la tricherie établissant la soustraction parmi les modes verbaux dans la grammaire de la transition et trouvant des échos y compris dans l’expression un peu plus gentille « quand il ne pleut pas, il bruine » [9].
De par son statut de terra incognita aux yeux de nombreuses personnes, la Roumanie suscite toutes sortes de fantasmes, par définition réducteurs. Force est de reconnaître que la déclaration selon laquelle les Roumains sont des voleurs est devenue d’une banalité affligeante, tant elle a été relayée et ressassée par les médias de plusieurs pays occidentaux ayant été confrontés à une augmentation du nombre d’immigrés d’origine roumaine. La façon dont les Roumains sont perçus à l’étranger semble cependant disparate ; si plusieurs incidents ont créé un ressentiment d’une partie de la population italienne, espagnole ou portugaise contre les citoyens d’origine roumaine, ces derniers sont souvent appréciés pour leur sérieux. Selon un rapport de l’organisation European Citizens Advice Service (ECAS), réalisé à Bruxelles, les Roumains sont vus par les employeurs d’Europe de l’ouest comme les meilleurs employés étrangers. Ils ont la réputation d’être bien préparés, de faire beaucoup d’heures supplémentaires et de travailler pour des salaires modestes, dans des domaines tels que les services d’aide aux personnes, les constructions ou l’agriculture[10].
Le problème vient ici du fait qu’une part non négligeable de la population des pays concernés ne voit pas du tout les choses sous cet angle. L’étranger fait peur, il est communément considéré comme un fauteur de troubles, un voleur d’emplois et de subventions ; la grande vague d’immigrés d’origine roumaine à laquelle les pays d’Europe de l’ouest avaient été confrontés principalement à partir de l’année 2002 a favorisé chez certains un repli identitaire. Pour prendre l’exemple de la France, donc un exemple que nous avons pu constater nous-mêmes, l’image de la Roumanie, pays jusque-là peu médiatisé en dehors des cercles culturels, s’est profondément et subitement dégradée. Ces Roumains, souvent d’origine tzigane, ont symbolisé l’étranger voleur, sale, pauvre, mendiant, violent. C’est principalement à partir de ce moment que de nombreux reportages ont été diffusés, mettant maintes fois en avant ces aspects. Certains se sont révélés de qualité et humanistes, mais après tout cela les téléspectateurs francophones sont en droit de se demander si, en dehors des mendiants, des enfants de la rue ou des orphelinats, des chiens errants, etc., il existe une autre Roumanie. Si certains vous mettent en garde de ne pas laisser traîner un portefeuille sur une table quand un Roumain se trouve dans la salle, nous avons constaté que la Roumanie apparaît cependant de plus en plus souvent comme un pays dynamique d’un point de vue économique, un pays fiable (et donc pas de voleurs) pour investir, ce qui pourrait contribuer progressivement à faire reculer le cliché du Roumain voleur.
Bucarest, le « petit Paris des Balkans »
Il y a de cela plus d’un siècle, Bucarest était fréquemment surnommé « le petit Paris des Balkans ». Comme le montre Bogdan Andrei Fezi, entre 1831 et 1921, l’administration, la législation urbaine et l’enseignement urbain sont inspirés du modèle français[11]. L’expression « le petit Paris » est de Paul Morand, écrivain célèbre et ambassadeur de France en Roumanie dans les années 1930. Autour de 1900, Bucarest se transforme sous l’influence du modèle occidental, d’abord Paris mais aussi Vienne. Cela est dû au fait que, bien souvent, l’administration, la législation urbaine s’inspiraient du modèle français. De nombreux architectes roumains de l’époque firent leurs études à Paris et un grand nombre de bâtiments furent construits par des architectes français. L’avenue Victoriei notamment, devient une sorte de grand-rue de Bucarest surnommée le « petit Paris. » Beaucoup de ces édifices remarquables (palais, hôtels particuliers, magasins), souvent conçus par des Français tels Cassian-Bernard, Galleron, Villacrosse ou Gottereau peuvent être admirés aujourd’hui encore au cœur de la ville.
Pendant l’entre-deux-guerres, la capitale roumaine avait connu une exceptionnelle période de développement, sous l’impulsion parmi d’autres de Marcu Duiliu (1885-1966), représentatif de « l’architecture d’État » roumaine ; celui-ci avait réalisé ses études à l’École des beaux-arts de Paris, avant d’être diplômé par le Gouvernement français en 1913. Cet architecte, urbaniste et professeur, officier de la Légion d’honneur et membre de l’Académie roumaine est celui qui construisit le plus grand nombre de bâtiments administratifs à Bucarest, dont le palais du ministère des affaires étrangères, le palais de la direction générale autonome des chemins de fer et les bureaux de l’administration des monopoles d’État. À travers les ministères qu’il a construits, Marcu Duiliu témoigne d’une recherche des solutions techniques les plus avancées ainsi que d’un vocabulaire architectural moderne, privilégiant cependant l’élégance aux expérimentations esthétiques.
Après 1830, le mode de vie à l’Européenne s’était imposé en moins d’une génération, grâce notamment aux nombreux roumains qui rentraient au pays après des études dans des capitales telles que Vienne, Paris et Berlin mais aussi aux ressortissants d’Europe centrale et occidentale venus s’installer à Bucarest. Des intellectuels comme Ulysse de Marsillac, fondateur de plusieurs journaux en Français, ont contribué dans une large mesure au dynamisme bucarestois. La langue française était alors fréquemment parlée dans la rue, et pas seulement par les élites.
C’est au début du 20e siècle que s’impose l’appellation « petit Paris » ; Bucarest se distingue d’autres capitales balkaniques (Sofia, Athènes, Belgrade) par de nombreuses imitations du modèle parisien. Les différences sociales et culturelles entre le centre de la ville, européanisé, et les faubourgs, largement sous influence orientale et balkanique, étaient frappantes.
Si beaucoup de Roumains se plaisent à perpétuer ce qualificatif et si une partie non négligeable de la population française en a connaissance, les profondes mutations architecturales subies par la capitale roumaine au cours de la période communiste mais également après celle-ci font de cette appellation une assimilation que l’on peut considérer abusive. L’industrialisation au cours de la période communiste a changé l’aspect de la ville, des quartiers entiers d’immeubles apparaissant presque du jour au lendemain : Balta Alba, Drumul Taberei, Pantelimon, Colentina, etc. D’autre part, le tremblement de terre de 1977 a engendré un remaniement de la politique urbaine de la capitale excluant des édifices historiques. Les différences sociales également se sont creusées à partir de 1990, modifiant la morphologie de la ville. Des Roumains eux-mêmes se montrent ironiques quand les deux villes sont comparées, mettant en avant les chiens errants, les enfants des rues ou la misère de la capitale roumaine. D’autre part, l’âge d’or de la francophonie en Roumanie, dont Paul Morand avait été témoin, semble aujourd’hui révolu, même si celle-ci reste encore assez influente. Pour toutes ces raisons, on peut considérer l’appellation de « petit Paris » comme appartenant plus au domaine du cliché que d’une vision objective de la réalité factuelle.
La beauté des Roumaines
Les Roumains se sont toujours montrés fiers de la beauté de leurs femmes, mais il est intéressant de constater que dans la culture mondiale, la beauté roumaine est égale à zéro. Mais qu’est-ce que la beauté ? Si nous prenons en considération les diverses zones de la planète – la zone asiatique, européenne, hispanique et la race jaune, il existe plusieurs types de beauté. En parlant d’un point de vue strictement subjectif, la beauté est difficile à définir, difficile à encadrer dans certains schémas et varie en fonction de l’époque et de la zone géographique. Peut-on identifier une équation de la femme belle aujourd’hui? Personnellement, nous ne le pensons pas ; c’est d’une certaine façon qu’on trouvait les femmes belles il y a 200, 100 ou 50 ans, tandis qu’aujourd’hui les canons de la beauté sont autres. Si l’on faisait une analyse quantitative sur les textes que divers voyageurs étrangers ont écrits au cours du temps sur la beauté des Roumaines, nous serions en mesure d’établir quelques constantes. La première est que les Roumaines sont de belles femmes, le plus grand nombre utilisant même le terme consacré, « beauté ». Parmi ceux-ci, la majorité souhaitent même pousser l’éloge encore plus loin et usent de superlatifs ou de formulations à caractère superlatif. Dans d’autres situations on n’utilise pas le terme consacré mais un autre que celui-ci, par exemple « attirante », dans le but de faire descendre à un degré inférieur de la propriété attribuée. Il est évident qu’il faut ranger ces personnes dans la catégorie de celles qui considèrent les belles femmes, car par leur formulation ils ne cherchent qu’à rendre une variété ou un grade d’infériorité de l’attribut principal, conformément au principe du détachement par rapport au sens schématique du texte, indifféremment de la façon dont s’exprime l’auteur. Une autre caractéristique vers laquelle les auteurs convergent est la coquetterie. Nous pensons ici à la coquetterie vestimentaire et pas à celle érotico-relationnelle. Bien qu’elle soit une caractéristique féminine universelle celle-ci est remarquée de façon appuyée et insistante, ce qui signifie que chez les femmes de Roumanie elle était beaucoup plus accentuée et frappante. L’ambivalence de la position de la Roumanie, de « Porte de l’Orient » et de « Petit Paris », d’espace cosmopolite dans lequel on rencontre tellement de contrastes, se reflète ici également. La discussion prend cependant une tournure toute différente si nous nous déplaçons un peu plus vers le sud. En Bulgarie une Roumaine est perçue comme étant « toujours rayonnante, une grecque – coquette et capricieuse, une Serbe – prétentieuse, mais une Bulgare (…) modeste, travailleuse et patiente »[12]. Voici comment, de façon subjective, les jugements de valeur changent en fonction de l’espace, de ceux qui les engendrent, des complexes de frustration et de mythes. « Il n’est pas bon d’avoir une femme de Valachie, un navire dans la mer noire et un jugement à Constantinople. »[13] diront les mêmes Bulgares, pendant que les Roumains affirment fièrement : « De jolies filles comme à Bucarest/dans le monde entier tu n’en vois geste ».
En guise de conclusion
Peu de peuples européens ont été aussi souvent en contact avec les étrangers que les Roumains, au cours des périodes de domination pendant lesquelles les modèles de civilisation se sont succédé et ont fait s’installer ici des populations d’une extrême diversité. Même si, tout au long de son histoire, la culture roumaine a bénéficié de nombreuses influences, il ne faudrait pas oublier que la multiculturalité – caractéristique de l’époque contemporaine, ne doit pas être transformée en un facteur de mimétisme voire de destruction, mais vue comme une forme au moyen de laquelle les éléments nouveaux doivent être assimilés seulement avec le maintien des différences.
L’histoire est pourtant un fait qui doit être assumé, les mots de Dan Puric à cet égard pouvant nous éclairer :
(…) un territoire physique quelconque, un espace géographique, mesurable et cartographiable, devient POUR MOI ma patrie. Un phénomène linguistique devient POUR MOI ma langue. Une histoire quelconque devient POUR MOI mon passé. Ainsi, nous pouvons tirer la conclusion selon laquelle l’histoire peut être une suite d’événements, mais le passé contient dans sa substance une suite de significations de ces événements. De cette façon, la nation se définit également comme un investissement des hommes dans le temps[14].
La tradition ne doit pas se perdre, elle constitue notre atout, que nous devons apprendre à respecter avant qu’il ne soit trop tard. Voilà le danger qui nous guette dans le monde de la globalisation, mais si dans la société postmoderne l’identité tend à devenir quelque chose d’imaginaire, la Roumanie, comme espace culturel, a besoin d’une reconnaissance de ses valeurs, d’un respect de ses élites ainsi que d’une perception conforme à la réalité. L’identité roumaine ne doit pas être rémanente, figée ou tout simplement nostalgique, elle doit également se reconstruire activement aux niveaux inconscient et symbolique.
Bibliographie
Chanquoy Lucile, Sweller John, Tricot André, La charge cognitive, Paris, Éditions Armand Colin, 2007.
Dimova, Veselina, « L’image du voisin balkanique et extrabalkanique dans la littérature de slaves méridionaux du XIXe siècle », in Études Balkaniques, Sofia, no 1/1994, p. 5.
Drosneva, Elka, « The Bulgarians and the Others in Bulgarian Proverbs », in Études Balkaniques, no 2/1994, p. 42.
Dunod Delouvée Sylvain, Légal Jean-Baptiste, Stéréotypes, préjugés et discrimination, Paris, Éditions Dunod, 2008.
Fezi, Bogdan Andrei, Bucarest et l’influence française – entre modèle et archétype urbain, Paris, L’Harmattan, 2006.
Fiérobe, Claude et al., Dracula : mythe et métamorphoses, Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1995.
Georgescu, Nae, Recife, Bucarest, Editura Floare albastră, 2005.
Gotman, Anne, Le sens de l’hospitalité – Essai sur les fondements sociaux de l’accueil de l’autre, Paris, Presses Universitaires de France, 2001.
Puric, Dan, Cine suntem, Bucarest, Editura Platytera, 2008.
Sulzeberger, C.L., A Long Row of Candels, apud Olteanu, Antoaneta, Homo Balcanicus. Trasături ale mentalităţii balcanice, Bucarest, Editura Paideia, 2005.
Zamfirescu, Ion, Românii în universalitatea umană in Cultură şi civilizaţie. Conferinţe ţinute la tribuna Ateneului Român, Bucarest, Editura Eminescu, 1989.
Notes
[1] Lucian Boia, La Roumanie : pays frontière de l’Europe. L’ouvrage a paru aux Éditions Les Belles Lettres, en 2007, traduit par Laurent Rossion. Pour ce qui nous concerne, on a consulté l’édition roumaine, d’où la référence, p. 12, et notre traduction.
[2] C. L. Sulzeberger, A Long Row of Candels, apud Antoaneta Olteanu, Homo Balcanicus. Trasături ale mentalităţii balcanice, Bucureşti: Editura Paideia, 2005, p. 7, notre traduction.
[3] Ion Zamfirescu, Românii în universalitatea umană, în Cultură şi civilizaţie. Conferinţe ţinute la tribuna Ateneului Român, Bucureşti: Editura Eminescu, 1989, p. 317, notre traduction.
[5] Sylvain Delouvée Dunod, Jean-Baptiste Légal, Stéréotypes, préjugés et discrimination, Paris, Éditions Dunod, 2008.
[6] Lucile Chanquoy, John Sweller, André Tricot, La charge cognitive, Paris, Éditions Armand Colin, 2007.
[7] URL : http://www.supliment.polirom.ro/category.aspx?item=40&cat=7&highlight=peter%20greenawy, notre traduction.
[11] Bogdan Andrei Fezi, Bucarest et l’influence française – entre modèle et archétype urbain, Paris, Éditions L’Harmattan, 2006.
[12] Veselina Dimova, « L’image du voisin balkanique et extrabalkanique dans la littérature de slaves méridionaux du XIXe siècle », in Études Balkaniques, Sofia, no 1/1994, p.5.