Carmen Raluca Aştelian
University of Bucharest, Romania
« Ce mystère en paix écouté »/
”A Mystery Attended in Silence”
Abstract: Mysteries lay at the crossroad of the celebration holidays, by valuing a religious belief (Easter, Christmas), and the transgression holidays, which focus on the carnival-ritual time. Through their integrative and dynamic function, the medieval mysteries animated and mobilized a whole community and catalyzed individual forces of extremely varied social status. Through these representations, a whole community periodically restated its faith and the consensus on certain values. The medieval mysteries remain under the sign of apparently strange contradictions: the tragic and the comic, the sublime and the grotesque, the Christian vision and the cultural patrimony of the Antiquity. Their study offers a fragment of history profoundly impregnated with folk culture, which goes back to behaviours and mentalities representative for an entire age.
Keywords: Christian church; medieval theatre; liturgical drama; mystery.
Même si le symbolisme chrétien ne renvoie plus aux archétypes et au mythe, même s’il parle de l’intervention de Dieu dans l’histoire, ce symbolisme assume, pourtant, des représentations anciennes, propres à l’homme religieux, en général, et conserve dans sa substance leurs vertus. Nourri de faits qui appartiennent au paradigme de l’Histoire (de la Création jusqu’au Jugement dernier), voire à une histoire locale, le symbolisme chrétien, avec ses images transtemporelles est, également, une histoire exemplaire.
Une analyse attentive des représentations des mystères peut occasionner quelques conclusions explicatives en ce qui concerne la fête de la ville médiévale et la participation d’une communauté entière, la position de l’Église et de l’État à l’égard de ces manifestations, le but déclaré de ce genre de théâtre et sa survivance tardive, même au-delà de la Renaissance, les coïncidences de contraires apparemment étranges (tragique et comique, sublime et grotesque), les rapports tendus avec le patrimoine imaginaire de l’Antiquité.
Tout d’abord, quelques éléments d’histoire littéraire. Le drame liturgique s’est constitué comme partie intégrante de la cérémonie religieuse, à une intention explicite de l’Église: offrir aux croyants une version plus sensible et plus concrète des grands évènements de haute signification spirituelle. La plus ancienne attestation de ces drames liturgiques date du Xe siècle et décrit les moments d’une cérémonie de Pâques: on mettait dans le sépulcre une croix enveloppée dans un linceul, les moines jouaient les rôles des trois Maries et s’approchaient un par un, « comme s’ils cherchaient quelque chose ». Le premier décor: le sépulcre du Seigneur, le premier des accessoires: le bouquet de feuilles que tenait le moine avec le rôle d’ange. De telles scènes se multiplient et autour d’elles s’est constitué le Cycle des Pâques. Plus tard à peine, au XIe siècle, le moment de la Nativité commence à être célébré avec la même solennité.
À commencer du drame sémi-liturgique (XIIe – XIIIe siècles), le théâtre religieux fait son premier pas en dehors de l’Église, au propre (les décors extérieurs mis en place sur le parvis de l’Église), mais surtout au figuré (augmente le nombre des personnages, au point que les clercs ne parviennent plus à les couvrir entièrement et cooptent des étudiants, des « bourgeois » et même des nobles). Le répertoire va s’altérer par des dérapages vers la zone profane, mais pour le moment, l’Église ne s’y oppose pas; au contraire, elle encourage ces manifestations et fournit les accessoires, les costumes, l’espace ecclésial et les « acteurs ». Des sujets fréquemment traités: miracles de Notre Dame, de Saint Nicolas, de Sainte Barbe, la conversion de Saint Paul.
Les miracles, pièces religieuses, ont joui de représentations comparables à celles des mystères, mais la différence consiste en leur sujet. Dans des cadres avec des notations réalistes, le miracle raconte une histoire avec des gens et parmi les gens, mais solutionnée par l’intervention d’une force surnaturelle (un Saint ou la Vierge). D’autre part, les mystères développent l’histoire de la rédemption de l’espèce humaine, à partir d’Adam et d’Ève jusqu’au Jugement dernier, avec un intérêt particulier pour la vie du Sauveur, pour sa figure hiératique et pour ses Passions.
Dès le XIVe siècle, les mystères enrichissent le temps de la fête dans la ville médiévale. Le théâtre a été toujours lié aux manifestations religieuses et c’est justement pourquoi on peut parler, du point de vue anthropologique, d’un temps rituel carnavalesque. Avec des racines dans les plus archaïques rudiments de l’imaginaire préchrétien, la fête en soi, surtout si elle marquait la fin d’une période d’abstinence, représentait une justification suffisante pour la suspension du temps vectoriel et du code moral, officiel.
Il n’est pas difficile à identifier dans les mystères dionysiaques ou dans la fête des Saturnales des affinités ou même des fondements du temps carnavalesque médiéval. De princeps saturnalicius au prince des sots, du point de vue anthropologique, il y a un pas. Le même mécanisme archétypal d’un monde à l’envers, décrit par Bahtin, la même revanche sur le temps ascétique du jeûne, la même volupté des incursions dans un autre monde, un double du monde conventionnel, pareil à un miroir drôle et déformé, la même obligation rituelle d’une débauche extatique.
Les excès de la fête comprennent aussi l’excès financier. Les dépenses importantes pour la mise en scène des mystères médiévaux affirmaient la gloire de la collectivité et sa prospérité; les couches de cette société hiérarchisée communiquaient d’une manière efficace et travaillaient ensemble pour un but commun. Le manuscrit Le livre de conduite du régisseur et le compte des dépenses pour le mystère de la Passion joué a Mons en 1501 parle de nombreux décors peints et montés sur des châssis, des fosses, des trappes, de l’estrade, des bancs pour le public, des gradins, des loges.
La fonction intégrative et stimulatrice des mystères est l’une des plus visibles: une communauté entière réaffirme sa foi et le consensus sur ses valeurs, met en oeuvre un mécanisme de mobilisation énergique autour d’un but commun, canalise des émotions collectives, catalyse des forces individuelles des couches des plus diverses de la société. À l’époque, de hauts fonctionnaires du Parlement de Paris faisaient partie des troupes de théâtre spécialisées en représentations à sujet religieux et à Bourges les autorités locales (le maire et les puissants de la ville) formaient le cortège qui accueillait les personnages du mystère1. Les nobles et les bourgeois investissaient d’importantes sommes et les acteurs jouaient gratuitement; leur seule récompense était le manger et la boisson assurés par la ville, où les corporations ouvrières jouaient, elles aussi, un rôle essentiel.
Il est à remarquer la distribution des tâches à entreprendre pour le Mystère de Freiburg (1516): les maçons se sont occupés des scènes avec Adam et Ève au Paradis, les boulangers ont représenté les prophètes et les tailleurs les trois mages. Au XVe siècle appartiennent les mystères avec environ 300 personnages, joués par 150 acteurs, chacun responsable de plusieurs rôles.
Il existait la conscience de la participation à un acte de foi avant tout. Par cet écho profond au sein de la communauté, les mystères offrent un fragment d’histoire massive, empreinte de la culture populaire2, une histoire qui descend jusqu’aux comportements et aux mentalités représentatives pour une époque entière.
Au-delà d’une discussion sur les mystères et la temporalité des mythes ou sur la tension médiévale entre l’immanence et la transcendance du sacré, on peut identifier dans les mystères quelques éléments de la structure des rites: l’ensemble de rôles bien définis (il existait des troupes d’acteurs pour les rôles de l’Enfer qui ne se confondaient pas avec ceux du Ciel), des comportements stéréotypés, des relations asymétriques (l’acteur – le spectateur) ou réciproques (partager la ferveur d’une foi commune), un contenu cognitif de valeurs communes, doublé d’une participation affective, un ensemble de moyens: accessoires, gestes, paroles, lieux. Quant aux moments choisis, ils appartenaient au temps cyclique, rituel (la proximité d’une grande fête religieuse), mais également au temps vectoriel, avec sa tradition, sa mémoire (la fête de la ville) et avec ses évènements actuels (en 1497, à Chalon-sur-Saône, la représentation d’un mystère marquait la fin d’une épidémie de peste qui avait ravagé le pays).
La position de l’Église face aux représentations des mystères évolue de la réserve vis-à-vis de mimesis3 (la traditionnelle opposition aux manifestations de théâtre : à la fin du VIIIe siècle, l’évêque Alcuin condamne la coutume d’accepter dans la maison des histrions, des mimes ou des danseurs)4 à la mise en œuvre d’un théâtre aux sujets religieux (les moments dramatiques de la Résurrection du Christ et de la Nativité étaient en pleine harmonie avec le message des messes, les clercs interprétaient les rôles et, même quelques siècles plus tard, la figure de l’acteur ne s’écarte trop de celle d’un prêcheur).
Toujours sur la position de l’Église rappelons la décision du Pape Urban IV d’instituer, en 1241, la fête Corpus Domini, liée à la tradition d’accompagner les Sacrements en processions, dans les rues des villes et des villages. La fête était organisée avec tout le faste nécessaire et c’est dans le cadre de ces processions que l’Espagne a vu naître d’imposants spectacles au sujet religieux.
Dans l’évolution des mystères, le clergé perd le contrôle absolu sur la pureté dogmatique du texte ; les intermezzos comiques s’insinuent progressivement et naturellement dans les spectacles, leur succès imposant, pourtant, la tolérance des autorités. Passages burlesques et souvent vulgaires, ces épisodes faisaient le délice des spectateurs : dans une première étape, seulement les grimasses des démons, puis des scènes entières (les bergers qui offrent un jouet à l’Enfant divin pour qu’il ne pleure plus, les hommes qui s’efforcent de lever la pierre du tombeau de Lazarus et qui se plaignent de l’insupportable odeur). Pareil à tout autre état d’esprit ludique a connotation rituelle, le spectacle médiéval ne sépare pas l’émotion sacrée authentique devant le mystère central (la nuit au jardin Ghetsimani, la douleur de la Vierge, les Passions du Christ) de l’atmosphère festive avec son penchant pour le comique.
D’ailleurs, ce mélange hybride dérive de la nature même des mystères qui comprennent des éléments des fêtes de célébration (par la valorisation des croyances), mais, également, des fêtes de transgression5, avec accent sur le divertissement et sur le débordement joyeux de la vie. Ou, pour parler en termes de socio-anthropologie des religions, la contamination du sujet sacré par les éléments comiques représente un dérapage, une perturbation, une contre-structure.
Les mystères sont empreints de l’esprit et du goût médiévaux. Dans le Miracle de Robert le Diable, le dilemme du protagoniste (se retirer dans un cloître pour l’expiation des péchés ou rester dans le monde et accepter la main de la fille de l’empereur) est tranché à la faveur de la deuxième option, à la satisfaction du public.
La fidélité au présent des mystères se traduit aussi par les anachronismes. La représentation des histoires sacrées manque de couleur temporelle. Le plus perméable à l’influence de l’actualité reste le costume, conçu dans la plus pure manière médiévale. Ainsi, dans la Procession des Prophètes, Aaron va défiler habillé en évêque catholique, Lazarus est un chasseur mondain, en vêtements médiévaux et Diabolus, en Jeu d’Adam, joue dans un splendide costume de chevalier.
L’histoire biblique est archaïque, mais les personnages allégoriques qui peuplent ces mystères sont d’inspiration médiévale. La Paix, l’Amour, la Miséricorde, la Mort sont des présences goûtées par le public et bannies, un siècle plus tard, de l’espace de la dramaturgie religieuse, par les arts poétiques de la Renaissance6.
Le spectateur médiéval, autant que celui de la Grèce antique, a le goût de la cruauté et des sujets sanglants. En dépit de leur thème religieux, les mystères devaient satisfaire cet appétit. Les Passions du Christ étaient interprétées d’une manière incroyablement naturaliste : en 1500, en Allemagne, par exemple, dans un spectacle représenté devant le roi du Suède, l’interprète de Longinus frappe si fort l’acteur du rôle du Christ que celui-ci s’évanouit. De même, en France, à Metz (1437), le prêtre qui interprétait le même rôle était descendu de la croix, presque mort, ayant été à peine ranimé.
Les mystères ont été considérés, à juste titre, comme la plus éclatante leçon de catéchisation de la France7, comme, d’ailleurs, toutes les formes du drame religieux antérieures. Ils ont eu un but ferme : religieux, apologétique, moralisateur et pédagogique. Dans les premiers drames liturgiques de la Nativité, il est introduit un épisode sans fondement dans les textes sacrés, mais avec une motivation marquée, dogmatique et apologétique : la Procession des Prophètes, un défilé de toutes les figures illustres du Vieil Testament qui ont prédit fragments de la vie du Christ. Cet épisode s’adressait de façon explicite aux Juifs.
Le même message moralisateur dans les Mystères des Passions. Dans la variante d’Arnoul Gréban, il existe un épisode de dimensions significatives : le dialogue de Judas avec le Désespoir, auquel il cède. La conclusion moralisatrice : ce ne fut pas la trahison qui a perdu Judas, mais son repentir qu’il a laissé dégénérer en désespoir.
Le mystère médiéval est également anamnèse (remémoration d’une histoire sacrée) et exégèse (interprétation théologique explicative et moralisatrice). Le message religieux des mystères était vital dans un monde dominé par la méditation de la mort. La mort était attendue, anticipée, redoutée8 et le problème de la rédemption, de l’accès au Paradis éternel et du Jugement dernier agitait les consciences.
Cette motivation théologique et pédagogique du spectacle au sujet religieux va s’étendre jusqu’à la Renaissance. Bien qu’avec d’autres fondements dogmatiques (d’habitude, de nature protestante), le but religieux est conservé et peut être résumé dans la formule qu’on rencontre chez Louis des Masures : « pour instruire et pour former ».9
La principale source des drames médiévaux à sujet religieux est le texte biblique, mais il faut aussi remarquer les sources apocryphes (des évangiles, des sermons). Un exemple est un sermon apocryphe de Saint Augustin, devenu le fondement de la Procession des Prophètes dans les Mystères de la Nativité.
Le théâtre religieux médiéval s’approprie un territoire des sources d’inspiration sacrée bien vaste, en exploitant des zones, à première vue, pas généreuses comme potentiel dramatique : les Psaumes. Il s’agit du texte du Psaume 84 (« La Bonté et la Fidélité se rencontrent, La Justice et la Paix s’embrassent), que Eustache Marcadé convertira en un épisode original, placé au début du Mystère des Passions et nommé Le Procès du Paradis, une scène du plus pur esprit médiéval allégorique, un dialogue des personnages ci-dessus sur le thème du péché originel et sur la résolution divine que Jésus Christ naisse pour la rédemption de l’humanité.
Plus intéressante est l’évolution de certains personnages tel le Diable. De l’apparition grotesque d’un personnage hybride, avec cornes et queue, on arrive au séduisant Diabolus du XIIe siècle, qui, échouant à tenter Adam, aborde Eve, en la flattant, comme un véritable Don Juan, et en employant le charme d’un langage fleuri et de l’art de la conversation. Au XVe siècle, l’espace scénique réservé à Lucifer était la gueule de l’Enfer, à côté d’une roue mobile, sur laquelle étaient enchaînés les damnés. En Allemagne, Antéchrist était l’un des plus présents et des plus populaires personnages (Ludus de Antichristo) pas seulement dans les mystères, mais aussi dans les farces de carnaval et l’objet obligatoire du costume du diable était le masque noir.
La relation des mystères avec l’Antiquité oscille entre l’attitude réfractaire, le plus souvent de nature théologique et morale (la dichotomie païen – chrétien)10 et la contamination du sujet ou de la forme par des éléments d’inspiration antique. Il s’agit, par exemple, du portrait de Judas, un nouvel Oedipe, dans le Mystère des Passions (chez Jean Michel) : l’assassin de son père, Ruben, et l’époux de sa mère. Quelques siècles avant, on découvre le cas de la religieuse Hroswitha de Gandersheim, auteur de quelques pièces courtes : elle emprunte à Térence seulement le style et précise que les tropes de l’auteur latin pour chanter l’amour des femmes pécheresses lui ont servi à dédier un hymne de gloire aux vierges dignes, saintes et sages11. Des formes chrétiennes nouvelles dans des moules antiques vieux.
Depuis les premiers textes avec des éléments de drame liturgique (Ordo Stellae, évangéliaire du XIe siècle, découvert à Limbourg) il existe la préoccupation évidente pour la résolution des problèmes pratiques liés à la représentation proprement-dite. Les indications concernant la mise en scène étaient écrites à l’encre rouge (ruber) – d’ici le nom de rubriques – et au début, ces didascalies n’étaient pas délimitées du texte proprement-dit.
Depuis le drame sémi-liturgique, on connaît une variété de didascalies : des indications concernant la mise en place des décors (le Paradis à une hauteur assez grande, pour que les personnages soient vus en haut des épaules) aux costumes (Adam porte une tunique rouge, Ève a un vêtement blanc), des éléments d’interprétation (Adam calme, plus près de Dieu, Ève plus humble, en plan éloigné) à la diction ou à la fidélité au texte.
La scénographie représente la partie la plus spectaculaire de ces représentations. On sait du même Livre de conduite du régisseur et le compte des dépenses pour le mystère de la Passion joué a Mons en 1501, qu’entre le décor du Paradis (parmi les autres, une immense roue en bois avec des anges qui glorifiaient Dieu) et celui de l’Enfer, étaient mis en place les autres décors, au milieu. Le plus souvent, ces décors avaient plusieurs fonctions (le logement d’Adam, après la chute du Paradis deviendra, les jours suivants, le logement de la Vierge). Malgré l’impossibilité technique de produire de la lumière artificielle, il existait, dans ce sens aussi, des solutions : on choisissait les moments du jour favorables pour certaines scènes et l’impression de l’éclat du visage était faite par des fards aux différentes nuances de rouge.
Dès le début du XIIe siècle, on applique le principe de la mise en scène simultanée, valable pour toute la période médiévale et qui consiste dans la juxtaposition des décors qui font partie d’un spectacle, présents sur l’estrade dès le début jusqu’à la fin du drame. Le spectateur regarde d’un décor à l’autre, en fonction de la suite des scènes.
Une telle complexité des mystères ne pouvait que survivre, malgré les interdictions officielles. En 1548, le Parlement de Paris se prononce : aucun théâtre n’ait le droit de représenter des sujets du Vieil Testament ou des Vies des Saints. Et pourtant, le théâtre des mystères résistera en France même au – delà des limites chronologiques du Moyen Âge : Mystère du Vieil Testament (1573), Mystère de Sainte Suzanne (1580). Même en 1594, ce qui était resté de l’ancienne corporation Confrères de la Passion reprend Mystère du Roi advenir, L’Assomption de Notre-Dame, Vie de Saint Christophe.
Au début de la Renaissance, les auteurs de tragédies nomment encore leurs œuvres mystères. « Tous ensemble attentifs les yeux et les oreilles / Dont soit veu ce mystère et en paix escouté »12.
NOTES
[1] Il s’agit du mystère muet représenté en 1536, à Bourges. Détails sur cette représentation chez Max von Boehm, Das Buhnen Kostum.
[2] En ce qui concerne le caractère populaire, la mention de G. Cohen (Le Théâtre en France au Moyen-Âge) sur le prologue du drame sémi-liturgique: « Premièrement disposons / tous les lieux et les mansions / le crucifix premièrement / et puis après le sépulcre ». On déduit que ce n’était pas un prologue pour le public, mais une véritable rubrique versifiée, pour faciliter la transmission d’une confrérie à l’autre des indications concernant la mise en scène, dans une époque où les livres étaient rares et chers.
[3] Voir J.-C. Schmitt, sur l’attitude de l’Eglise face à la représentation par mimesis (théâtre, danse, jongleries).
[4] Il a existé une opposition ferme au théâtre religieux : l’évêque Liutprand de Crémone, ambassadeur de l’empereur Otton Ier à Constantinople (à la fin du Xe siècle) se plaint que Sainte Sophie était transformée en salle de spectacle où on représentait l’Annonciation, La Fuite en Egypte, la Nativité.
[5] Voir la classification de Claude Rivière, Socio-anthropologie des religions, p.112.
[6] Voir De l’art de la tragédie de Jean de la Taille (1582): « se garder d’y faire parler des Personnes qu’on appelle fainctes et qui ne furent jamais, comme la Mort, la Vérité, l’Avarice, le Monde et d’autres ainsi ».
[7] Joseph Bédier, Paul Hazard, Histoire de la littérature française illustrée, p.38
[8] Voir le chapitre Viaţa şi moartea, in Aaron J. Gurjewitsch, Individul în Evul Mediu european.
[9] Louis des Masures, David combattant.
[10] « Jocurile scenice în care crimele zeilor sunt spuse în gura mare, jucate şi cântate, sunt făcute în cinstea lor şi sunt considerate printre lucrurile divine; ei le-au dorit, ei le-au poruncit cu violenţă, au prezis mari pieiri dacă nu se făceau, i-au pedepsit cu asprime pe cei care au lăsat să le scape vreo ceremonie… » (Saint Augustin, cité par G. Banu et M. Tonitza-Iordache dans Arta teatrului, Nemira, Bucureşti, 2004).
[11] Gallicanus, Dulcitius, Callimachus, Abraham, Paphnutius (la conversion d’une célèbre courtisane), Sapientia.
[12] Louis des Masures, David fugitif.
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
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