Jean-Pierre Castellani
François Rabelais University, Tours, France
AMIN MAALOUF À LA RECHERCHE DE SES ORIGINES
Abstract: In his latest book Origines (Grasset, 2004), Amin Maalouf delves into his personal and familial history, developing a veritable quest for his ancestors that becomes an individual and collective memory of Lebanon. In this quest he comes to grips with the autobiographical as well as the mythical. By returning to his origins the author leads us back to our own beginnings in a complex dialectics between East and West. The analysis is based on the theory of autobiography and an attempt to understand the singularity of the proposed pact between author and reader.
Keywords: Lebanese literature, Amin Maalouf, the quest for the ancestors, the reading pact
Amin Maalouf, écrivain libanais de langue française, est, sans aucun doute, un cas particulièrement significatif d’une littérature de l’exil fondée sur le métissage et la construction identitaire. Né en 1949 à Beyrouth, il a quitté le Liban en 1976 au moment de la guerre civile qui a fait s’affronter diverses communautés de ce pays complexe et, depuis cette date, il réside en France et y publie régulièrement des livres. Il a précédé les mouvements de transferts et d’hybridation qui se multiplient dans notre société puisqu’il écrit en français depuis 1983. La publication, en février 2004, de Origines[1] a conduit la critique à considérer ce texte d’Amin Maalouf comme autobiographique alors que ses précédentes œuvres avaient été reçues comme des fictions comme, par exemple, Le rocher de Tanios[2], Prix Goncourt en 1993, ou comme des analyses théoriques comme Les identités meurtrières en 1998[3]. Certes, en tant que libanais, fils de parents qui s’étaient mariés au Caire en 1945, la langue maternelle de Maalouf est l’arabe qui fut tout naturellement la langue de ses premières lectures. C’est ainsi qu’il raconte, dans Les identités meurtrières, comment, enfant, il a lu Dumas, Dickens en arabe. Poussé par sa mère qui était catholique, le jeune Amin fut scolarisé à l’Ecole française des pères Jésuites, contrairement à la coutume qui voulait que les enfants prennent l’anglais comme deuxième langue. On pourrait, bien entendu, essayer de comprendre l’itinéraire linguistique qui a conduit Amin Maalouf à adopter le français comme langue d’écriture : de l’arabe de sa mère au français de l’école, c’est ce dernier qui l’a emporté. Il y a, dans ce choix délibéré, un exemple typique de ce phénomène de la Langue de l’autre ou de la double identité de l’écriture qui reflètent, en général, ce que l’on appelle maintenant le double-jeu, le double-je, l’entre-deux. En effet, on est toujours pris entre deux identités quand on se trouve comme lui dans un pays compliqué, entre occident et orient, avec des identités diverses qui ne sont ou ne devraient pas être, comme il le dit, des « identités meurtrières », car les identités peuvent l’être, on s’en aperçoit hélas de nos jours dans de nombreuses parties du monde, mais plutôt des identités fécondes. Se méfiant du mot « identité » Maalouf se penche plutôt sur la complexité des mécanismes de son identité.
Dans tous ces cas de figure, on peut considérer que l’écrivain qui adopte une autre langue vit ou provoque une espèce de renaissance, il se rebaptise travers cette décision, il se donne une langue choisie et non subie. Encore une fois la langue maternelle, on ne la choisit pas, elle nous est imposée par le corps de cette mère qui nous a fait et conçu. On est « mis au monde » comme une pièce de théâtre est « mise en scène ». Oui, la première langue étrangère que l’on apprend est bien la langue maternelle, et s’en évader est un acte de liberté, une affirmation d’indépendance. C’est une décision d’adulte qui prend et emprunte une nouvelle langue.
Pourtant, cette langue étrangère va servir à Amin Maalouf d’instrument linguistique pour réfléchir sur sa propre identité et non sur la nouvelle au service de laquelle elle semble se ranger. C’est un cas très courant dans ce genre de mouvements : la langue d’adoption sert à revenir inlassablement, de façon obsessionnelle, sur les conditions de vie dans l’autre langue. Pensons aux espagnols Jorge Semprún ou Michel del Castillo qui arrivent en France très jeunes, écartés par les soubresauts de l’Histoire, de leur terre d’origine, à savoir la guerre civile espagnole, de 1936 à 1939. Leur nom de famille est déjà tout un programme linguistique et humain fort complexe : Miguel devient Michel et Jorge Georges. Tous deux ont toujours écrit leur oeuvre en langue française. On peut considérer que Michel del Castillo est un écrivain de langue française car il ne supportait plus ce qu’il appelle les criailleries du discours franquiste à la radio. Semprún, de son côté, a publié, en 2003, son premier texte en espagnol, alors qu’il a plus de 80 ans, et l’a fait traduire en français par un traducteur professionnel, ce qui confirme des rapports étranges avec ces deux langues. Mais précisément la langue de ces narrations sera la langue française, adoptée, dans ces cas, à la suite d’une situation d’exil, de violence, de souffrance.
L’adoption, comme on le dit d’un enfant, d’une langue autre exerce une influence, en définitive, sur l’identité, c’est une quête d’identité, une conquête d’identité, un enrichissement d’identité. Ce n’est pas la manifestation d’un manque ou d’une perturbation ou d’une marginalisation qui serait le fait de barbares comme disaient les grecs, de gens aliénés au sens premier du terme c’est-à-dire devenus autres, mais au contraire, celle de la volonté de gens qui arrivent à nous fournir des oeuvres romanesques, théoriques, historiques.
Dans le cas de Amin Maalouf, cette quête s’articule autour d’une autobiographie tout à fait singulière puisqu’il va nous parler beaucoup plus de sa famille que de lui-même, dans « une patiente remontée vers les origines » (O : 359) et « une reconquête qui devrait être patiente, dévouée, acharnée, fidèle » (O : 260) en pratiquant ce qu’il appelle déjà dans Les identités meurtrières un « examen d’identité »[4] comme d’autres font leur examen de conscience. Le texte se présente, sans aucune ambiguïté, sous la forme d’un récit de vie, de la vie de l’auteur du livre et du narrateur qui se confondent, même s’il ne se montre pas de façon explicite, comme un récit rétrospectif qu’une personne réelle nous fait de sa vie. Ainsi que l’attestent le crédit de la photographie d’une famille libanaise, qui est tirée des archives de l’auteur, et dont on apprendra plus tard, au détour du récit, qu’il s’agit d’une représentation d’un pique-nique qui met en scène son grand-père Botros, sa femme Nazeera et leurs enfants (O : 220, 429), et les paratextes que constituent une sorte de préface écrite à la première personne ou des Notes et remerciements en fin de volume, adressés à des membres de son entourage et qui précèdent une représentation graphique de ses origines familiales qu’il voit plus comme une « carte routière » (O : 482) ou un « campement » (O : 482) que comme le traditionnel arbre généalogique qu’il réfute.
Le lecteur entre dans l’intimité du narrateur, plus exactement dans celle de ses ancêtres qui vont le conduire dans une histoire typiquement libanaise. La reconstitution du passé mystérieux de cette tribu des Maalouf, à la fois arabe et chrétienne, lui sert non seulement à comprendre d’où il vient mais aussi quel a été le destin de ces libanais pris entre la tentation exaltante de partir ailleurs pour créer une vie nouvelle et celle, plus problématique, de construire, ici, un monde meilleur. Il suit, de la sorte, une démarche semblable à celle de Marguerite Yourcenar qui, dans sa trilogie autobiographique Le labyrinthe du monde, après avoir évoqué directement la figure maternelle dans Souvenirs pieux, remonte, pour celle de son père, dans Archives du Nord, dans le réseau de « la nuit des temps » jusqu’au Moyen Âge et même, lâchant ce qu’elle appelle « cette corde raide qu’est l’histoire d’une famille »[5], jusqu’aux temps romains et préromains.
Toute autobiographie est ou devrait être d’abord la biographie des autres, les parents et les ancêtres en particulier. C’est ce postulat que Maalouf met en pratique dans Origines puisque son récit commence, certes, par un événement personnel marquant, la mort de son père, en août 1980, juste cinquante six ans après Botros, mais, dans une construction parfaitement circulaire, revient, dans le dernier chapitre, à ce choc initial. Entre temps, il va nous présenter une véritable course en quête de sa famille, en remontant de ce père à son grand-père et à son grand-oncle et à une foule de membres de sa famille. L’essentiel du récit est, en définitive, une tentative de reconstitution de la vie aventureuse de ces hommes et de ces femmes dont il se sent et se sait l’héritier. En les racontant il va se trouver : la connaissance des autres lui permettra de mieux se connaître lui-même. L’autobiographie ainsi conçue commence par autrui pour arriver à soi, et non l’inverse comme cela est souvent le cas.
Pour y parvenir, le narrateur utilise tous les moyens habituels pour entrer dans le mystère de ce passé : d’abord, au Liban, des entretiens avec des témoins, comme la vielle cousine Léonore ou l’observation de photographies familiales. Nombreuses sont les citations de photographies qu’il décrit et analyse, comme celle par exemple de son arrière grand-mère Soussène :
J’étale sur le bureau devant moi les plus vieilles photos de nos archives familiales, pour mettre des visages sous les prénoms (O : 58).
L’intégration d’un commentaire de photographie sert, une fois encore dans un texte autobiographique, de révélateur du passé, de capteur de cette réalité lointaine, elle est une marque visuelle du « ça a été » dont parlait Roland Barthes, elle fournit des traces réelles à ce qui est déjà, par nature, une trace, le récit de soi, elle a une évidente fonction référentielle et renforce l’impression de vécu partagé sous le regard du narrateur.
La consultation, la lecture et l’analyse de la correspondance participe du même effet de réel. En lisant ces lettres, Maalouf pénètre alors dans l’intimité de son grand-père Botros et de son grand-oncle Gebrayel, en particulier, en découvrant les lettres qu’ils ont échangées. La lettre personnelle, par sa situation entre vie et littérature, est à l’évidence, du domaine du privé, c’est pourquoi elle est protégée par la législation : une personne extérieure à l’échange ne doit pas la lire. Ouvrir et lire une lettre qui ne vous est pas adressée est une façon d’entrer dans un réseau d’intimité plus ou moins forte, plus ou moins secrète. Dans cette perspective, lire la correspondance de ses ancêtres est une forme de voyeurisme et même de viol auquel Maalouf nous convie et la reproduire in extenso induit toujours un effet de vécu, de vrai qui, dans ce cas, donne vie à ces hommes. Dans la malle que lui offre sa mère il découvre les nombreuses lettres échangées entre les deux frères, il en vient même à reproduire des brouillons de certaines d’entre elles. Il comprend au passage le mystère de cette aventure cubaine de Gebrayel, qui était devenu un personnage légendaire et fascinant, un mythe, dans la mémoire collective de la famille.
Il ne se contente pas d’entrer dans l’intimité des autres, il nous fait pénétrer dans la sienne en nous offrant son carnet de voyage à Cuba sur les pas de son grand-oncle qui s’y était installé pour ne jamais revenir. Le chapitre « Demeures » est un authentique journal intime de ce séjour à la Havane où il rapporte comment il se rend au cimetière pour voir la tombe de son ancêtre, puis à la Bibliothèque Nationale pour consulter les journaux de l’époque et comprendre les circonstances de l’accident de voiture dans lequel périt Gebrayel : il lit les dépêches d’agences qui relatent le fait-divers, il découvre le faire-part des funérailles, il trouve la maison magnifique qu’il avait achetée et décorée à sa manière, il prend conscience de l’importance de l’engagement maçonnique de cet homme. Il en fera de même avec Botros dont il reconstitue minutieusement l’itinéraire, depuis sa formation chez les missionnaires américains jusqu’à son activité d’enseignant à l’École patriarcale à Beyrouth puis à Zaleth au collège oriental gréco-catholique, de conférencier, de poète, de dramaturge, d’homme d’affaires, de fondateur de l’École Universelle.
Pourtant, l’intérêt du livre ne vient pas tant de ces techniques de restitution du passé qui sont communes à beaucoup de récits de ce genre mais plutôt de sa structure qui prend la forme d’une investigation policière, un véritable roman d’aventures, à épisodes successifs créant un effet de suspense, plein de surprises, de rencontres dues au hasard. Ce qui se présente à nous comme un traditionnel retour en arrière, à partir du décès du père, dérive, tout de suite, vers d’autres personnages qui ne vont pas conduire le récit vers le moi du narrateur, situé seulement dans le temps de l’écriture du livre, entre septembre 2000 et décembre 2003, à Paris, à la Havane ou à Beyrouth ou très peu vers ce père récemment disparu, comme on pouvait s’y attendre, mais plutôt vers d’autres membres de la famille, plus lointains, en rebondissant dans d’incessantes digressions, des bifurcations parfois déroutantes mais toujours nécessaires pour comprendre les rapports des uns avec les autres. On est vraiment pris par les recherches du narrateur, on le suit à La Havane, poursuivant l’ombre de ce grand oncle d’Amérique, déchiffrant ses lettres, se perdant dans les rues de la capitale cubaine pour retrouver la fameuse demeure achetée par Gebrayel, lisant avec émotion son propre nom sur sa tombe, dans ce qui est, au bout du compte, un authentique pèlerinage, au sens étymologique du terme, autrement dit de voyageur, d’étranger qui se rend dans un lieu animé d’un esprit de dévotion, ici l’hommage à ces ancêtres dont il ignorait presque tout.
On touche en cela le véritable enjeu de ce récit : il ne s’agit pas de raconter une saga familiale à un lecteur plus ou moins friand de ce genre de confessions qui, dans ce cas, pourraient présenter un charme exotique – l’Orient, l’Amérique latine – mais de mener, à travers cette rétrospective, une véritable réflexion sur la mémoire et sur l’identité. Maalouf se rend compte, à la mort de son père, qu’il ignore tout, alors qu’il a 30 ans, de son passé familial et qu’il a une connaissance fragmentaire de ce passé. Ce qui lui semble paradoxal, le traumatise et l’incite à revenir au pays de ses origines. Il avoue :
Moi qui suis par nature fouineur, moi qui me lève cinq fois de table au cours d’un même repas pour aller vérifier l’étymologie d’un mot, ou son orthographe exacte, ou la date de naissance d’un compositeur thèque, comment avais-je pu me montrer, à l’égard de mon propre grand-père, d’une incuriosité aussi affligeante ? (O : 16-17).
Il considère donc comme un devoir de fidélité, comme une dette vis-à-vis de ses ascendants, de les retrouver tels qu’ils ont vécu, dans leurs errances et leurs erreurs. C’est un pacte qu’il signe avec lui-même et non avec le lecteur. À la base donc la conscience profondément orientale qu’il appartient à une famille d’égarés :
Je suis d’une tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde [Seul nous relie les uns aux autres, par delà les générations, par-delà les mers, par de-là le Babel des langues, le bruissement d’un nom] (O : 10).
Son grand-père Botros ne rêve que de partir pour des terres lointaines : après Beyrouth il va travailler à Zalehh et devient célèbre dans cette ville ottomane. Diffuseur des Lumières il désire faire de l’Empire ottoman un État moderne, il se sent citoyen ottoman. Quand il revient des États-Unis il rêve d’importer cette civilisation au Levant. Touché par la crise terminale de l’Empire ottoman il écrit un dialogue désabusé entre un ottoman et un étranger. À l’Ecole Universelle qu’il crée on enseigne quatre langes. Son frère Gebrayel s’embarque, lui, pour l’Amérique et après un séjour à New York, s’installe définitivement à Cuba en 1895. Le narrateur se sent « le fils de chacun des ancêtres » (O : 260), lui dont la mère parlait de la maison natale d’Istanbul. Un des épisodes les plus intenses du récit est la reconstitution de son séjour à Cuba à la recherche de Gebrayel. Sur la tombe de son grand-oncle qu’il trouve enfin il médite sur sa propre destinée :
Après ma mort je en serai plus qu’un fantôme nomade qui vogue de par le monde, ou alors une matière inanimée (O : 285).
Quand il découvre sur les murs de l’ancienne maison de Gebrayel des motifs et des inscriptions imités de ceux de l’Alhambra il comprend que son ancêtre a voulu par ce choix affirmer une part de son identité :
Il éprouvait le besoin de proclamer fièrement son appartenance à la civilisation andalouse, symbole du rayonnement des siens (O : 310).
À travers le décor voulu par son grand-oncle il retrouve sa double appartenance, andalouse et orientale et se livre à une méditation sur la notion de passé :
Le passé pour moi aujourd’hui n’est plus aussi lointain, il s’est habillé de lumières présentes, de brouhaha contemporain, et de murs attentifs. Je rôde, j’apprivoise, je m’oublie, je m’imagine, je m’approprie. Je traîne de pièce en pièce mon obsession d’égaré : ici, jadis, les miens… (O : 313).
Il s’identifie aux rêveries de Gebrayel du haut de sa terrasse qui lui rappelle celle qu’il avait dans son village au Liban, Machrah :
C’est sans doute pour cela, d’ailleurs, que la tentation du voyage n’est jamais absente de nos pensées (O : 312).
Plus près de lui, il tire les leçons des vicissitudes de Botros dans les années 1922 quand son grand-père se heurte à la Compagnie de Jésus, ordre qui a une grande influence au Liban :
C’est dans les ruines de sa révolte que je cherche mes origines (O : 394).
Et de conclure ce chapitre « ruptures » par cet aveu :
Cuba ne sera plus jamais à nous grand-père, el le Levant non plus ! Nous sommes et pour toujours serons, des égarés (O : 404).
Le livre se termine par une dernière entrevue, en 1978, en pleine guerre civile au Liban, avec un parent lointain, un oncle mythique installé à Washington, religieux, un inconnu qui parle arabe avec un fort accent américain. L’un parle de son frère, l’autre de son père et entre eux s’établit aussitôt une intimité. Et cet oncle émigré sera de retour au Liban lors de la mort du père du narrateur, fermant ainsi la boucle du nomadisme familial.
Mais Maalouf annonce le projet ambitieux de raconter la suite, par d’autres enquêtes à Beyrouth, à Constantinople, au Caire et à New York, en suivant ainsi à la fois les tragédies intimes de sa famille et celles collectives du Liban, les plus récentes à peine esquissées à la fin de Origines. En reprenant lui aussi, à son tour, la route de l’exil, des allers et retours et des chassés-croisés entre un ici et un ailleurs toujours antagoniques et finalement nécessaires, après avoir récupéré, grâce à ces inconnus que sont ses ancêtres, la complexité des mécanismes de son identité multiple.
NOTES
[1] MAALOUF, Amin, Origines, Paris, Grasset, 2004. Désormais, toutes les références à cette œuvre seront données entre parenthèses sous le sigle O suivi de la page citée.