Raul Botha
Babes-Bolyai University, Cluj, Romania
botharaul@hotmail.com
Paul Goma et l’expression de la résistance /
Paul Goma – the Testimony of a Resistant
Abstract: This article observes the conditions in which Romanians, in general and Romanian writers in particular were forced to live, cohabitate and survive the communist repression, as seen by Paul Goma, a type of resistance, which became a signature mark. The major tenet of the essay is that Goma’s opposition is not merely the journey of a rebelled individual against the system he lives in, but a way of achieving awareness through active reaction in a climate of moral and spiritual decadence. Thus, the use of memory, humour, open criticism, along with an exemplary courage provide the necessary ingredients that shape a bearable existence. And since Goma defied the omniscient mechanisms of the Securitate, there is no doubt that his personal expression of humanist resistance was indeed a valid choice.
Keywords: Paul Goma; Romanian Communism; Securitate; resistance.
« Les noms connus sont devenus… connus précisément parce qu’ils ont toujours pris la parole à la place des autres – des noms inconnus. Ces gens sont devenus des personnalités en parlant, les oreilles débouchées, les yeux pas seulement là où ils-elles mettent les pieds. »[1]
C’est d’après cette description que l’on pourrait reconnaître l’effervescent Paul Goma, l’homme-étincelle, l’homme-mèche, l’homme-réaction, l’épine qui dérange la Sécurité et le promoteur d’une nouvelle façon de combattre le régime : la bouche grand ouverte et le son clairement prononcé de la vérité. Les problèmes fondamentaux (la liberté, la vérité, la solidarité, la logique et la peur chez les Roumains), ainsi que des réponses pragmatiques et ponctuelles données à des situations-limite (l’expérience de celui qui est sous enquête, qui est poursuivi, persécuté, détenu, presque empoisonné, presque-échiné racontée avec humour, ironie, sarcasme, avec un style fluide, de journal, parfois presque-oralisé), doivent être « non-oubliés » et « non-tus » dans des livres comme Gherla, Culoarea Curcubeului ’77 (La couleur de l’arc-en-ciel ’77), Soldatul câinelui (Le soldat du chien) etc.
La motivation d’une telle démarche pourrait paraître incompréhensible dans les conditions d’un monde enchaîné, le sparadrap sur la bouche, dans un espace où se poser des questions équivalait à un doublethink orwellian, instantanément sanctionné en tant que réactionnaire, dans un milieu où une main en menottes lave l’autre, et où être libre impliquait surtout une notion d’impureté, de compromis avec « l’Amour » de la Sécurité. Mais cette réaction provient d’une profonde intériorité humaine, de l’intimité et de la dignité atteintes dans la prison de Gherla, lors d’une terrible casse, reçue comme quelque chose de «normal » de la part des « bouchers » de service. Avec l’expressivité qui le caractérise si bien, Goma prononce le serment qui l’accompagnera toute sa vie :
Vous verrez bien…
Et j’ai décidé de ne pas les oublier le long de mes jours
non pas de me venger, mais de ne pas les oublier
et surtout, surtout
Roumain, sentiment roumain – dans le communisme
Esprit de Bessarabie à l’origine, Paul Goma s’est approprié en même temps que l’espace natal la volonté, la combativité et la réactivité spécifiques pour cette zone-là. Transmué dans la souche roumaine pendant la seconde Guerre Mondiale, Goma paraît ne pas s’être bien intégré dans le paysage, mais surtout dans la mentalité des lieux. Tout au long de sa vie, il se heurtera toujours à l’air encrassé d’un sentiment roumain balkanique, et son désir de respirer sera toujours sanctionné comme inadéquat.
Le lieu et le moment de prédilection pour des révélations de ce genre ne peuvent se situer qu’à la limite de l’humain – la prison, la détention politique, respectivement le fort nr. 13 à Jilava, et ensuite à Gherla. Ici, comme dans un laboratoire de recherche, la nature humaine « peut » s’extérioriser, plus ou moins volontairement (plutôt moins que plus). Et les réactions aux conditions « spéciales » ne cessent pas de faire leur apparition. Paul Goma est tout d’abord choqué par le rejet de la solidarité dans sa cellule au moment où il est question de réagir d’une façon ou d’une autre au traitement appliqué et supplémenté sans raison particulière, « ce refus spécifique, non pas ferme, mais à notre manière, oriental, mou, avec de la douceur, avec une blague »[4]. Le manque de liberté et de volonté intérieure de la part des gens autour de lui, la conclusion fataliste que « notre histoire est l’histoire des petits arrangements avec les étrangers »[5] le provoquent à faire une généralisation quelque peu risquée – les Roumains, ces gens dépourvus de soif de liberté. Le contexte nous permet de lui donner raison seulement en partie, car il y a des exemples contraires aussi à cette époque-là : la résistance dans les montagnes, la révolte des « frontièristes » de Gherla etc. Toutefois, certains traits de caractère des Roumains paraissent être décrits avec beaucoup d’esprit d’observation et avec de jugement, pas seulement dans Gherla, mais aussi dans d’autres livres. Il y a ainsi le Roumain-traînant, typologie soutenue aussi par des proverbes populaires[6], le Roumain-ladron qui équivalait au Roumain-complice (la solidarité étant cruellement punie)[7], mais aussi le Roumain-solidaire[8]. Et n’oublions pas le Roumain qui « ne supporte pas…la concurrence, ni même lorsqu’il s’agit de lâcheté »[9], mais qui compense par l’intelligence : « le Roumain, il pourra être „prudent” – mais pas toujours; le Roumain, il pourra manquer de courage – mais non d’intelligence »[10]. Les Roumains, affirme Goma, ont le caractère débrouillard, seulement qu’ils ne savent pas quoi faire après s’être débrouillé et ont l’habitude de s’occuper de leurs affaires justement lorsqu’ils devraient être unis (l’exemple de la Charte ’77). Parmi ses observations amères se trouve aussi une qui est liée à l’occupation des Roumains par les Roumains eux-mêmes après la retraite, une variante très plausible.
Les écrivains roumains, ses collègues, n’échappent non plus facilement à ses critiques. Dans les années 70, la Maison des Écrivains était devenue une oasis pour la libération des frustrations artistiques et humaines; d’après les mots de Goma, les écrivains étaient profondément sincères : « sincères-déçus », « sincères-révoltés », « sincères-incrédules » dans un possible changement, et « sincères-convaincus » que rien ne dépend de personne, donc ni d’eux-mêmes[11]. Ceux-ci utilisaient des méthodes adaptées et mises à jour pour faire face à l’époque : la méthode de se soustraire par un mais-toutefois-quand-même[12].
Toutes ces affirmations sont faites du point de vue de la victime, de celui qui est assujetti, de l’état défensif de celui qui reçoit les coups, les yeux sur ses camarades qui se trouvent dans la même situation, qu’on abuse et qu’on met sous la matraque de l’abrutissement (dans les prisons) ou la terreur suffocante de la Sécurité (à l’extérieur des prisons, mais toujours dans un système-prison).
La Sécurité – can’t live with it, can’t live without it
Pour Paul Goma, la Sécurité représente presque la même chose qu’une belle-mère aux yeux d’un jeune marié : elle te renifle, te suit, t’appelle en enquête – où tu as été, avec qui, ce que tu as fait, pourquoi tu as fait les choses telles que tu les as faites – tu ne peux pas lui désobéir, tu ne peux non plus la mettre hors-jeu parce cela voudrait dire automatiquement ton élimination, tu ne désires pas tellement qu’elle existe, mais il faut tenir le coup. Et alors, tu n’as aucune autre arme contre elle que le silence en sa présence et tes pensées in absentia.
Lorsqu’elle fait son apparition et que cela arrive souvent, le silence envahit le quartier (on ne bat pas les tapis, on n’entend plus rien chez les voisin tapageurs…)[13], parce que, de même que dans le cas de la belle-mère, « là où se mêle la Sécurité ne se mêlent pas les gens ordinaires… »[14].
Le système de la Sécurité implique un processus de salissure, avec l’accent mis non sur une série de punitions appliquées sans raison, mais sur des buts « thérapeutiques », de rééducation, cela aussi sur la filière du phénomène Piteşti ou Aiud, expériences que Goma considère comme réussies non pas du point de vue de la rééducation d’un homme nouveau, mais de la perspective de la purification inverse, de la création d’une schizoïdie de comportement et de nature, la distinction entre bourreau et victime étant supprimée[15].
Il arrive parfois que la Sécurité désire d’impliquer le plus de gens possible dans la vie privée de quelqu’un, pour l’interroger et mettre à nu son intimité. Pour ces types humains (les gens-complices), Goma ne trouve ni compréhension, ni soutien[16].
Le secret équivaut à l’objet du travail de cette institution-organe. Une nuance quelque peu hilare de ce fait est la façon dont « les gars en blouson en cuir et Dacia noire » mettent à l’abri leur propre conscience de toute forme d’aller au delà des règles, même si celles-ci contreviennent aux lois humaines naturelles :
« Chez eux, le secret-d’État fonctionne à merveille. La curiosité naturelle est vaincue par la peur encore plus naturelle de savoir – donc, de se salir. Pour la paix de leur âme, on a décidé le secret ; qu’ils exécutent l’ordre, sans savoir sur qui et dans quel but » [17].
Dans leur milieu, la logique de l’absurde fonctionne parfaitement bien. Le blanc peut très facilement devenir noir, rouge ou toute autre couleur, pourvu que les besoins du parti le demandent (de même que dans 1984, 2+2 peut toujours donner 5). Sur le même principe, «d’après la logique de la Sécurité, l’accusé doit toujours [c’est moi qui souligne, R.B] démontrer qu’il n’est pas coupable » [18]. Le lien entre les faits et les preuves a cessé depuis longtemps d’être une loi valide. Le bien doit se transformer en mal et inversement.
Lors des enquêtes de la Sécurité, la façon dépersonnalisée de s’exprimer donne lieu au détachement de l’enquêteur de sa directe implication dans les problèmes exposés[19], méthode qui est devenue la façon préférée des Roumains de s’adresser et de se soustraire à la responsabilité (par exemple, l’usage impersonnel du pronom « on » – camarades, on vole dans cette institution !). Toujours en ce qui concerne le fait d’ « évider les responsabilités » et les tares de l’esprit roumain, on peut parler des moyens bachiques de se « faufiler » que les écrivains (parmi d’autres) adoptent[20].
En gardant l’analogie de la belle-mère, on pourrait affirmer que le silence serait désirable, parfois même plus que désirable, ainsi qu’un prolongement le plus grand possible de celui-ci. Mais il sera constaté a posteriori qu’une telle chose n’est pas de bon augure. Lorsque les eaux sont calmes, les deux ont le fond profond et boueux. Le silence brusque ou peut-être artificiel de la Sécurité indique la préparation d’une tempête, une tension musculaire avant la bataille, et alors la prévoyance et l’anticipation sont les uniques moyens à portée de la main.
Méthodes de résistance. Le silence et l’écriture. Pommades à la Goma.
Avant d’aborder le sujet de la « ré-action » face au système, il faut voir comment se rapporte Paul Goma à la cause de celle-ci, et plus précisément, à la mesure dans laquelle la privation de la liberté peut ou non déclencher une révolution interne. Son attitude se présente comme paradoxale, soit pleine d’aplomb, extériorisée de façon active, car, comme il l’affirme, « la liberté perdue doit être conquise, et non attendue comme la dignité… » [21], soit plus calme, mais ferme. Toutefois, la liberté suppose l’effort, l’apprentissage (comme toute autre vertu humaine), la volonté, la patience et du temps, beaucoup de temps qui lui soit dédié : « la liberté, on se l’approprie petit à petit, comme l’abécédaire, comme une langue étrangère, avec le temps, par sa pratique, on ne la conquit pas, on n’en devient pas maître, comme d’un lopin de terre ou d’un objet » [22].
La liberté se trouve dans chacun d’entre nous, il faut seulement qu’on la déclenche. Sa manifestation contre tout ce qui correspond à son contraire a lieu d’après la forme structurelle du récepteur, de l’homme, c’est-à-dire qu’elle représente un fait universel, mais qui se particularise individuellement. De cela s’ensuit aussi la méthode de résistance contre tout ce qui lui est adverse, une méthode qui dépend des coordonnées intérieures de chacun.
Chez Paul Goma, le besoin de liberté s’est matérialisé et a en même temps manifesté sa force par son talent d’écrivain. La peur est à la base de nombreuses contraintes dont fait preuve l’être humain. La peur limite, amoindrit, produit le silence de l’expression. Mais le silence, à son tour, nourrit la peur et, à cause de cela, Goma allait dire : «c’est justement parce que j’ai peur que je ne me tais pas » [23].
« On guérit la peur par la peur » [24]. Et pourtant le monde ignorait tout ce qui se passait dans les prisons politiques. Et ceux qui en sortaient gardaient, par peur, l’obscurité sur les conditions, la déshumanisation, les corrections, en les obscurcissant encore plus.
« Mais la peur à elle seule n’explique pas le silence. Pourquoi les Roumains se taisent-ils ? Pourquoi n’écrivent-ils pas, pourquoi n’envoient-ils pas ces témoignages là ou on pourrait les publier ? » [25].
A Gherla, Goma vit cette crise de la solitude et de l’insouciance extérieure, ainsi que la peur et la mollesse ressentie en prison, de sorte à ce qu’il soit lui-même arrivé à un moment donné de se dire, avant une correction « curriculaire » :
« J’en avais marre. Et j’ai commencé à être silencieux.( …) Je savais que le silence était l’une des armes les plus terribles. Si pas pour l’attaque, alors pour la défense…active » [26].
Si un silence défensif-actif était préférable dans la relation avec les agresseurs, étant donné le fait que ceux-ci agissaient sur leur propre terrain/chez eux, dehors, dans la prison du monde communiste, le silence avait la nocivité d’un antidote pris en excès. La mémoire devrait être la métamorphose du silence, et sa préservation et non-altération pouvaient être réalisées seulement par l’écriture. Ainsi, l’incubation de la liberté dans la prison par le silence se ré-oxigénait à l’extérieur du pénitentiaire par le « non-oubli » des détails, des gens, des événements et par leur condamnation dans les paragraphes de ses livres pour tout le mal qui a été fait.
Mais à l’extérieur, la libération doit continuer. La structure de la prison sociale est identique : les gardiens sont remplacés par les employés de la Sécurité, les collègues de cellule par les passants de la rue. La résistance de Goma continue elle aussi, à la différence de quelques coordonnées qui doivent être modifiées. Le jeu d’échecs est le même : l’attention, la prévoyance, l’anticipation restent essentielles pour la survie. Une innovation en la matière est la résistance par la mise aux « contre-aguets », mais qui ne peut être menée à bonne fin qu’au prix de grands efforts psychiques.
La source principale d’énergie et de vitalité chez Goma consiste sans aucun doute en son humour :
« Si tu es un être qui se sauve par l’humour, tu as l’occasion de singulières. (…) Si, par contre, tu n’as pas les sens de l’humour, alors le dossier devient l’Entrée aux Enfers où l’on te pousse, sans que tu puisses t’y opposer. Parce que le dossier est précisément pour cela dossier, non pas pour informer, mais pour te mettre dans le pétrin ! » [27].
La créativité humoristique apparaît à travers le don de raconter et de réinventer la langage, en contrepartie au non-vivant de la langue et de la vie de bois.
Le problème de la mort se pose surtout dans la période de Gherla (sous une forme individualiste) et dans la période parisienne (dans Soldatul câinelui), lorsque toute sa famille était visée par la Sécurité pour être tuée. Paul Goma arrive à une impasse existentielle, et la solution qu’il trouve pour s’en faciliter la sortie a supposé une nouvelle cartographie du monde. Par la manufacture des cartes, Goma bénéficiait d’une forme de récréation de l’univers où l’insécurité comme phénomène avait des effets létaux. L’exil offre beaucoup de libertés, mais ce qui transparaît véritablement, c’est le sentiment d’un « provisorat perpétuel », état qu’ont d’ailleurs vécu à maximum Monica Lovinescu et Virgil Ierunca.
Conclusion
La résistance de Paul Goma est avant tout une attitude intérieure. Le cri de ce JE NE ME TAIS PAS ! de Gherla résume le cri de la nature et de la dignité humaines opprimées, de l’expression refusée. Emerson affirmait que l’homme est seulement à moitié lui-même, l’autre moitié étant représentée par son expression. Malheureusement, beaucoup de gens de l’époque ont perdu une moitié d’eux-mêmes, tandis que d’autres se sont entièrement perdus… Les moitiés des gens, à leur tour, ont donné vie aux quarts que nous sommes aujourd’hui. Cela seulement à condition que le processus ait débuté une génération auparavant, ce qui est fort incertain, et le compte devient ainsi impossible à suivre.
Toutefois, leurs mémoires se sont préservées, et notre réunification passe obligatoirement par leur redécouverte. La mémoire reste une forme de préservation du temps, une partie considérable de ce que nous sommes aujourd’hui. Et cela grâce à ceux qui ne se sont pas tus, qui ont crié, quelles que soient les conséquences. Ceux qui ont gardé tout d’abord leur attitude intérieure et qui ont résisté. Car une attitude intérieure, dans les conditions données, est en soi-même une forme de résistance.
Bibliographie
Goma Paul, Gherla, Humanitas, Bucureşti, 1990.
Goma Paul, Gherla, ed. a-3-a, ed. Autorului, 2005.
Goma Paul, Culoarea Curcubeului ’77, Biblioteca revistei Familia, Oradea, 1993.
Goma Paul, Soldatul Câinelui, Humanitas, Bucureşti, 1991.
Notes
[1] La citation que j’ai modifiée se trouve dans Culoarea Curcubeului ’77 (La couleur de l’arc-en-ciel ’77), Biblioteca revistei Familia, Oradea, 1993, p. 66, et représente l’attaque voilée de Goma à l’adresse des écrivains de cette époque-là (Bogza, Jebeleanu, Preda, Eugen Barbu, Titus Popovici ) qui n’ont pas apporté leur soutien à sa pétition du printemps ’77, en refusant en même temps d’encourager le besoin éprouvé par les Roumains de liberté d’expression. La citation originelle est la suivante : « Les noms connus sont devenus…connus précisément parce qu’ils n’ont jamais levé la voix pour personne – pour les noms inconnus. Ces gens sont devenus des personnalités en se taisant, les oreilles bouchées, le regard orienté là où ils-elles mettent les pieds».
[3] La variante complétée de Gherla, IIIe édition, 2005 p. 169-170, est beaucoup plus consistente et poétique :
« vous allez voire…
et j’ai décidé de ne pas les oublier le reste de mes jours
non pas me venger, mais plus cruellement encore :
NE PAS LES OUBLIER LES NON-OUBLIER DANS UN LIVRE
Et surtout, surtout
NE PAS LES TAIRE – LES NON-TAIRE ».
[6] Ibidem, p. 94: Pas de soucis! Ça passera aussi !; Pourquoi se casser la tête pour rien?; le cinique : Plutôt que ma mère pleure, mieux vaut que pleure la tienne ; Il est trop tard pour s’incliner quand la tête est tombée; Le silence est d’or (le sens est ici unilatéral, dans le contexte de l’argument); Les chiens aboient, la caravane passe.
[7] « Si la solidarité était devenue, dans nos prisons, un crime – puni en tant que tel -, une bonne partie de la culpabilité revient aux détenus eux-mêmes. (…) constat : le détenu est le complice du gardien », Goma, Culoarea curcubeului, p. 170.
[8] La solidarité des bons petits Roumains pendant le tremblement de terre – « ils ont prouvé (…) qu’ils sont solidaires, qu’ils savent s’entre-aider, que la vie qu’ils avaient menée jusqu’alors ne les avait pas complétement transformé en des animaux égiostes – en somme: qu’ils étaient resté, toujours, des hommes », ibidem, p. 158.
[15] « Leur système [la Sécurité – c’est moi qui précise, RB] répressif est structuré non à partir de la punition, mais de la « rééducation ». Une rééducation qui n’a rééduqué personne, jamais, ni même les pauvres étudiants de Piteşti, ni les encore plus pauvres détenus de l’Aiud des années 1962-1964. La Sécurité ne s’est pas fait et ne se fait pas d’illusions en croyant qu’elle puisse changer quelqu’un du jour au lendemain, elle n’a pas besoin d’alliés (de convertis), mais de néutralisés (non pasde neutres). De gens qui n’oseront plus jamais non seulement ne pas s’y opposer, mais ni même se regarder dans la glace : par honte, dégoûtés d’e